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    Historique

    L’Opus Dei (Œuvre de Dieu) a été fondé en 1928 par le prêtre catholique romain espagnol Josémaria Escrivá de Balaguer y Albas (1902 – 1975). Il a obtenu un doctorat en Théologie à l’Université du Latran. Il a été nommé consulteur de deux congrégations vaticanes, membre honoraire de l’Académie Pontificale de Théologie et prélat d’honneur du Pape1. Il a fait une entorse à sa “modestie” en sollicitant du Général Franco le titre de marquis de Peralta qu’il a obtenu en 19682. Il est l’auteur du livre “Chemin” (1934), composé de 999 maximes, qui est la clé de voûte de l’idéologie du mouvement3. L’ouvrage a été publié à près de 4.500.000 exemplaires en 43 langues4.

     

    Josémaria Escrivá attribue la fondation de l’Opus Dei à une “révélation” divine reçue le 2 octobre 1928:

     

    « Il y a trois ans jour pour jour que, dans le couvent des missionnaires de saint Vincent de Paul, je mis un certain ordre dans les notes éparses que je prenais jusqu’alors (j’ai reçu à ce moment l’illumination sur l’ensemble de l’Œuvre pendant que je lisais ces papiers. Ému, je me suis agenouillé – j’étais seul dans ma chambre, entre deux causeries, – j’ai remercié le Seigneur et je me rappelle avec émotion le carillon des cloches de la paroisse de Notre-Dame des Anges). Depuis ce jour-là, l’âne galeux s’est rendu compte de la belle et lourde charge que le Seigneur, dans sa bonté inexplicable, avait mise sur ses épaules. Ce jour-là, le Seigneur a fondé son Œuvre: dès lors, j’ai commencé à fréquenter des laïcs, étudiants ou non, mais jeunes. Et à former des groupes. Et à prier et à faire prier. Et à souffrir…5“

     

    Le mouvement de l’Opus Dei a été approuvé par Pie XII en 1950. Le pape Jean-Paul II en a fait une prélature personnelle en 1982. Son prélat est, depuis 1994, l’évêque espagnol Javier Echevarria Rodríguez, né en 1932, ancien secrétaire du fondateur. Docteur en droit civil et en droit canonique, il est consulteur de la Congrégation pour les causes des saints et consulteur de la Congrégation pour le clergé6.

     

    La prélature personnelle est une “circonscription ecclésiastique, prévue par le Concile Vatican II, décret «Presbyterorum ordinis» et par le Droit Canonique pour permettre de mener à bien des tâches pastorales particulières. Elle n’est pas circonscrite à un territoire comme les diocèses”7.

     

    « La Prélature de l’Opus Dei est une structure juridictionnelle appartenant à l’organisation pastorale et hiérarchique de l’Église. Tout comme les diocèses, les prélatures territoriales, les vicariats, les ordinariats militaires, etc., elle possède son autonomie propre et une juridiction ordinaire, qui lui permettent de réaliser sa mission au service de l’Église universelle.

     

    C’est pourquoi elle dépend de façon immédiate et directe du Souverain Pontife, par l’intermédiaire de la Congrégation pour les évêques. Le pouvoir du prélat s’étend à tout ce qui concerne la mission spécifique de la prélature… Selon les dispositions de la loi générale de l’Église et du droit particulier de l’Opus Dei, les diacres et les prêtres incardinés dans la prélature appartiennent au clergé séculier et sont pleinement sous la juridiction du prélat » 8.

     

    L’Opus Dei ne dépend donc pas des évêques diocésains locaux, mais directement du “pape”, ce qui lui donne une liberté de manœuvre beaucoup plus grande9.

     

    L’Opus est actuellement la seule prélature personnelle existante10. Il a été question d’attribuer le même statut à la Fraternité Saint Pie X de l’évêque Marcel Lefebvre11, mais, faute d’un accord doctrinal, le projet semble abandonné.

     

    Le fondateur a été béatifié par Jean-Paul II en 1992 et le décret concernant les miracles attribués à son intercession a été promulgué en présence du Pape le 20 décembre 2001. Il a donc été canonisé (déclaré saint) le 6 octobre 2002 en présence d’une foule de 350 000 personnes, dont 400 cardinaux et évêques.

     

    Statistiques et situation actuelle 12

    Les effectifs mondiaux de l’Opus Dei s’élèvent à environ 90 000 membres, dont 2.051 prêtres répartis dans 61 pays. La répartition par continent est la suivante: Afrique: 1.800, Asie et Océanie: 4.800, Amérique: 29.400, Europe: 49.000.

     

    L’Opus Dei s’est implanté en France en 1947. Ses effectifs y sont d’environ 1.900 fidèles et coopérateurs, dont 28 prêtres13. Son arrivée en Suisse date de 1956 et en Belgique de 1965. En Belgique les opusiens sont au nombre de 30014.

     

    Il existe quatre sortes de membres dans l’Opus Dei:

     

    les numéraires:

    prêtres, hommes ou femmes célibataires, qui vivent en communauté et sont les dirigeants.

     

    les numéraires auxiliaires:

    des femmes15 chargées des tâches domestiques dans les centres du mouvement. Elles représentent 5% des membres.

     

    les agrégés:

    Célibataires qui vivent dans leur famille. Les numéraires et les agrégés totalisent 30% des effectifs.

     

    les surnuméraires:

    laïcs mariés: 65% des membres16.

     

    Les coopérateurs:

    Ce sont « des catholiques, des chrétiens d’autres confessions, et des croyants d’autres religions », et même des athées. Ce sont « des hommes et des femmes qui, sans faire partie de la Prélature de l’Opus Dei, se joignent aux fidèles de la prélature pour réaliser des activités éducatives, d’assistance, de promotion culturelle et sociale »… Ils sont 164.000, principalement des femmes17.

     

    Il nous faut encore mentionner

     

    la Société sacerdotale de la Sainte-Croix

    qui comporte 4.000 associés, dont les 2.000 prêtres de l’Œuvre. Cette société s’adresse aux prêtres et diacres diocésains qui veulent vivre « selon l’ascétique propre à l’Opus Dei » et recevoir son aide spirituelle18.

     

    Remarquons que l’Opus Dei ne comporte aucun moine, comme le roman “Da Vinci Code” (2003) et le film (2006) du même nom le laissent entendre à tort. Du reste, les membres ne prononcent pas de vœux comme les moines et les religieux19, mais des simples promesses.

     

    Actuellement une quarantaine d’évêques catholiques sont issus de l’Opus Dei, soit à peine 1% de l’épiscopat mondial. Rappelons que le nombre des évêques est d’environ 4 50020. Deux cardinaux sur les 202 (en août 2013) du collège cardinalice appartiennent à l’Œuvre: Juan Luis Cipriani Thorne (1943), archevêque de Lima21 et Julián Herranz Casado (1930), président émérite du Conseil pontifical pour les textes législatifs22.

     

    Par comparaison, les Jésuites sont 19.000, dont 12.700 prêtres, répartis à travers 112 pays dans le monde. Il y a cinq cardinaux jésuites23 et, bien sûr, le nouveau pape François.

     

    Le taux de croissance du mouvement est faible et stagne à environ 650 nouveaux membres par an pour le monde24.

     

    Au niveau financier,

    « la totalité des actifs de l’Opus Dei, à savoir toutes les ressources que supposent ses ‘œuvres collectives’, tournent autour de 2,8 milliards de dollars US. La comparaison vaut ce qu’elle vaut, mais la General Motors a déclaré des actifs équivalents à 455 milliards de dollars. Les actifs de l’Opus Dei ne sont pas trop impressionnants et ce, même par rapport à la moyenne catholique. En 2003, l’archevêché de Chicago a déclaré 2,5 milliards de dollars »25.

     

    Le recrutement est souvent qualifié d’élitiste26. Les étudiants, futurs dirigeants de la société, sont particulièrement visés. Ceci est confirmé à mi-mots par le porte-parole belge de l’Opus Dei dans une interview du 1er mars 2013 à “La Libre Belgique”:

     

    « La sanctification par le travail donne l’image d’une prélature ”élitiste”, ça vous gêne, ça vous flatte ou c’est totalement erroné ?

     

    Cette image est ‘erronée’. Dans le monde, on a eu des ministres (Espagne et G-B), sénateurs, grands patrons,… mais on a aussi des chômeurs, des agriculteurs, des personnes très modestes. Cette image-là de l’Opus Dei est méconnue, car moins visible. Nous commençons souvent notre apostolat par le milieu intellectuel, car – comme dans une entreprise – nous avons besoin de ‘cadres’ pour entrer dans la société belge (Nous soulignons). On a commencé par le milieu universitaire bilingue à Leuven en 1965 et – petit à petit – les milieux et classes sociales se diversifient. Mais nous n’avons pas ‘encore’ d’initiatives de types sociaux comme dans d’autres pays »27.

     

    L’Opus Dei a en charge douze universités dans le monde28.

     

    En plus, il gère de nombreuses résidences étudiantes, écoles et œuvres sociales partout dans le monde29.

     

    L’Opus Dei a connu une époque très favorable sous le pontificat de Jean-Paul II. Elle a culminé avec la canonisation de son fondateur. Actuellement, le procès en sainteté du successeur d’Escrivá, Álvaro del Portillo y Diez de Sollano (1914-1994), est en cours à Rome.

     

    Le pape François a approuvé le 5 juillet 2013 le décret relatif à la cause de béatification et reconnu un miracle par son intercession30.

     

    Ce « miracle concerne la guérison instantanée d’un petit enfant chilien, José Ignacio Ureta Wilson, qui, quelques jours après sa naissance (août 2003), a subi un arrêt cardiaque de plus d’une demi-heure avec une grave hémorragie »31.

     

    Cette reconnaissance ouvre la voie à la béatification du vénérable.

     

    Buts et Méthodes

    L’Opus Dei se présente comme « une institution de l’Église catholique fondée par saint Josémaria Escrivá de Balaguer », dont la « mission consiste à diffuser l’idée que le travail et les circonstances ordinaires sont une occasion de rencontrer Dieu, de servir les autres et de contribuer à l’amélioration de la société »32.

     

    Escrivá a déclaré:

     

    « Dès le départ, le seul objectif de l’Opus Dei a été celui que je viens de vous indiquer: faire en sorte qu’il y ait, au milieu du monde, des hommes et des femmes de toutes races et de toutes conditions sociales, qui s’efforcent d’aimer et de servir Dieu et leurs semblables dans et par le travail ordinaire »33.

     

    Il est difficile de qualifier de secte un mouvement catholique aussi bien inséré dans l’Église romaine. Le rapport sur les sectes des parlementaires belges34 avait pourtant fait le pas en 1997, en le taxant de « catholicisme intégral et élitiste ». L’Opus Dei avait alors réagi dans un document nommé « Quelques observations sur le travail de la commission d’enquête du Parlement belge sur les sectes »35.

     

    En 2001, dans une communication aux chefs d’Établissement de l’Enseignement Catholique, Jacques Trouslard relevait dix caractéristiques sectaires de l’Opus Dei36:

     

    1. L’engagement de mineurs:

     

    A l’insu de leur famille, certains contractent des vœux de célibat, d’obéissance et de pauvreté, quitte à utiliser, sur le conseil de leur directeur ecclésiastique ou de leur supérieur laïc, le mensonge en cas de questions des parents.

     

    2. L’endoctrinement:

     

    Il est systématique à partir d’un régime de prières intensif, de retraites, de conférences, de lectures qui proviennent exclusivement de l’Opus Dei et des écrits du fondateur. Or cette technique s’apparente, mutatis mutandis, à la technique cognitive et coercitive de la manipulation mentale. Le procédé mène progressivement à un enfermement à l’intérieur du groupe. Il est encore aggravé par la confession régulière des membres de l’Opus Dei, numéraires ou surnuméraires, à un prêtre appartenant au groupe. Les opusiens se confient aussi régulièrement à un directeur de conscience laïc, toujours membre de l’Œuvre.

     

    3. La rupture ou l’éloignement de la famille:

     

    C’est dans ce domaine que les plaintes sont les plus nombreuses. Les familles déplorent de ne plus voir leurs enfants. Elles s’étonnent d’autorisations annuelles réduites à quelques jours de vacances, alors que dans les congrégations religieuses, les personnes consacrées ont droit à environ deux semaines en famille et sont autorisées à rendre visite à leurs parents tout au long de l’année.

     

    4. Le prosélytisme exacerbé:

     

    Chaque membre doit recruter des adeptes, tenter d’influencer ses amis. L’Œuvre cherchait aussi à attirer des enfants ou des jeunes en les invitant à participer à des activités (culturelles, sportives, etc.) sans toujours préciser, à cette époque, qu’elles étaient organisées par l’Opus Dei.

     

    5. Les faux laïcs:

     

    L’Opus Dei prétend être un institut de laïcs qui partagent pleinement les conditions de la vie “extérieure”. Mais ces laïcs pratiquent en réalité une discipline dont l’austérité surpasse celle des congrégations contemplatives. Les conditions de vie qui sont imposées aux numéraires les séparent inévitablement des conditions normales de la vie laïque.

     

    6. Le cléricalisme:

     

    Les laïcs sont assujettis au pouvoir des clercs. La structure hiérarchique de l’Opus Dei, sur le plan local, régional, ou international, aboutit toujours à son sommet à un clerc. Par précaution verbale, l’Opus Dei souligne que les clercs se réservent le domaine spirituel sans interférer en aucune manière sur le plan temporel. Les membres, dit-on, sont libres et indépendants dans le choix de leurs options, alors qu’ils sont dirigés en réalité dans tous leurs faits et gestes.

     

    7. Le professionnalisme:

     

    L’Opus Dei développe une sorte de surestimation, d’exploitation outrancière du travail. Or, la profession ne définit pas toute la vie d’un individu. Cette exagération pose question, car pour l’Église catholique, la personne humaine ne vaut pas d’abord par ce qu’elle fait, mais par ce qu’elle est37.

     

    8. L’aspect financier:

     

    Dans le département de l’Aisne où est installé le château de Couvrelles, l’Opus Dei n’a pas craint de ponctionner sérieusement des agriculteurs pour construire l’école hôtelière Dosnon et rénover le château de Couvrelles. Certaines familles de membres ont, pour leur part, été très étonnées d’être sollicitées si fréquemment par leurs enfants qu’elles ne voient par ailleurs que très rarement. Le scandale de l’An-Hyp a éclaboussé le département de l’Aisne. (Cf ; L’Union: 25 et 27 juillet 1994).

     

    9. L’infiltration:

     

    La stratégie de l’Opus Dei vise à transformer la société en essayant de pénétrer tous les domaines de la vie économique, sociale, familiale et culturelle. Une délégation de la mairie de Soissons a protesté contre une nouvelle association de l’Opus Dei, créée à Soissons, l’A.P.P.F. (Association pour la Protection de la Famille) qui voulait « s’infiltrer et imposer son programme global » au Centre social de Chevreux.

     

    10. Le culte du maître:

     

    On retrouve à l’Opus Dei la domination d’un maître incontesté, craint et vénéré, que, dans d’autres groupes, on appelle un gourou. C’est l’extraordinaire dévotion au fondateur: Mgr Escrivá Balaguer. Des membres de l’Œuvre affichent dans leur chambre de magnifiques photos du fondateur, à côté d’une modeste image de la Vierge et parfois d’un petit crucifix. Souvent l’image du fondateur suffit. C’est devant lui que l’on prie en allumant une petite bougie.

     

    Les opusiens doivent suivre un plan de vie qui laisse peu de place à la fantaisie. On trouvera la présentation grand public de ces « devoirs » par le fondateur sur le site officiel de l’Opus Dei38.

     

    « Voici la liste des dévotions qu’un membre de l’Opus Dei doit obligatoirement accomplir. On les appelle le plus souvent normes ou encore coutumes39.

     

    CHAQUE JOUR IL FAUT:

    Se lever immédiatement dès que le réveil sonne (minute dite héroïque).

    Embrasser le sol en disant serviam (je servirai).

    Faire 30 minutes de prière le matin et 30 minutes l’après-midi (pendant lesquelles il est vivement conseillé de méditer les textes de saint Josémaria).

    Assister à la messe et communier.

    Rester exactement 10 minutes en prière d’action de grâce après la messe. Puis, réciter le Trium Puerorum (Le Cantique des trois enfants dans la fournaise), ainsi que le psaume 150.

    Dans la journée, se recueillir quelques instants devant le Saint Sacrement (Visite au Saint-Sacrement).

    Réciter l’angélus à midi.

    Réciter un chapelet (50 Je vous salue Marie) et méditer les 15 mystères du Rosaire restants.

    Lire pendant 10 minutes un livre de spiritualité imposé par le directeur spirituel et pendant 5 minutes le Nouveau Testament.

    Faire un examen de conscience à midi et le soir.

    Réciter une prière en latin réservée aux membres de l’Œuvre (Preces).

    Prier pour les intentions du prélat.

    Offrir une mortification pour le prélat (d’habitude, lui offrir la douche froide quotidienne).

    Les numéraires doivent porter deux heures par jour le cilice (sorte de bracelet en fer avec des pointes) autour de la cuisse.

    Réciter plusieurs fois par jour la prière « Souvenez-vous » à l’intention des autres membres de l’Œuvre.

    Dans les centres, en entrant et sortant de chaque pièce, regarder l’image de la Vierge en récitant une oraison jaculatoire.

    En entrant et sortant d’un centre, saluer l’ange gardien du centre et faire une génuflexion dans l’oratoire.

    Respecter le temps de la nuit: la nuit, on ne peut pas discuter, téléphoner, étudier ou travailler sans la permission du directeur.

    Dormir entre sept heures trente et huit heures par nuit.

    Respecter trois heures de silence après le déjeuner, pendant lesquelles il faut travailler (on ne peut pas faire la sieste ou se distraire).

    Avant de se coucher, réciter à genoux, les bras en croix, trois Je vous salue Marie en demandant la vertu de la pureté.

    Avant de dormir, asperger son lit d’eau bénite.

    Les femmes numéraires doivent dormir toutes les nuits sur une planche avec une couverture pliée en guise de matelas (jusqu’à l’âge de 40 ans), les hommes en sont exemptés.

    Porter sur soi le scapulaire.

    CHAQUE SEMAINE, IL FAUT:

    Assister à la méditation: prédication d’un prêtre de l’Œuvre réservée aux membres de l’Œuvre. Elle a lieu dans l’oratoire (la chapelle du centre) dans le noir: à l’exception de la bougie qui éclaire le tabernacle et d’une petite lampe sur la table du prédicateur qui projette des ombres spéciales sur son visage.

    Assister au Cercle, causerie d’un laïc réservée aux membres de l’Œuvre. Le Cercle comprend toujours: le commentaire de l’évangile du jour, l’approfondissement d’une norme du plan de vie, et un sujet en rapport avec l’esprit de l’Œuvre. Ces sujets sont proposés par la Commission régionale et accompagnés d’indications précises sur le contenu et la forme à suivre. Pendant le Cercle, on ne peut croiser les jambes. Il est bien vu aussi de s’accuser publiquement et à genoux de l’une de ses fautes (après en avoir parlé avec le directeur) et de recevoir à ce titre une pénitence symbolique.

    Se confesser avec le prêtre désigné.

    Faire l’entretien fraternel ou confidence, c’est-à-dire parler au directeur spirituel laïc désigné, lui rendre compte de ce qui s’est passé durant la semaine (accomplissement minutieux de toutes les normes, points de lutte, échecs et faiblesses, relations sociales: qui on a rencontré, pendant combien de temps, de quoi on a parlé, cette personne pourrait-t-elle avoir la vocation à l’Opus Dei ?) et enfin, recevoir du directeur, les objectifs fixés jusqu’au prochain entretien.

    Une fois par semaine, les numéraires doivent se fouetter eux-mêmes avec des disciplines (petits fouets en corde) tout en récitant des prières.

    Pour les numéraires hommes, dormir à même le sol une nuit par semaine. Les femmes ont droit à un dictionnaire en guise d’oreiller, car elles dorment déjà toutes les nuits sur une planche.

    Réciter et méditer le psaume II et l’hymne Adorote devote.

    Chaque samedi, réciter le Salve Regina et assister au Salut au Saint Sacrement.

    Comme mortification, ne pas prendre de goûter le samedi.

    CHAQUE MOIS, IL FAUT:

    Assister à une Récollection: une journée en silence dans le recueillement avec différentes prédications du prêtre et du directeur.

    Réciter et méditer le symbole d’Athanase.

    Pour les numéraires, remettre au directeur sa note de frais, c’est-à-dire la liste complète des moindres dépenses (du ticket de bus au tube de dentifrice).

    CHAQUE ANNÉE, IL FAUT:

    Assister à une retraite de six jours en silence, durant laquelle il est vivement recommandé de méditer les textes de saint Josémaria.

    Suivre un cours annuel (trois semaines pour les numéraires, une semaine pour les surnuméraires), on y apprend par cœur le Catéchisme de la Prélature de la Sainte-Croix et Opus Dei et on y reçoit différentes causeries de formation, des cours de philosophie et de théologie.

    et un long “etc.” de dévotions qu’il faut pratiquer une fois par an, et que nous épargnons au lecteur.”

    En 2009, la revue catholique progressiste « Golias Magazine » a publié le témoignage de 165 anciens membres et responsables du mouvement dénonçant ses méthodes40:

     

    « Les 165 signataires du témoignage décrivent les méthodes totalitaires auxquelles sont soumis les laïcs célibataires41.

     

    1- La dépendance économique entière

     

    L’individu qui travaille dans les structures relevant de l’Opus Dei, ne perçoit pas de salaire. Il est donc entièrement dépendant économiquement des directeurs, même pour ses menues dépenses (téléphone, déplacements, sorties, etc.). On ne saurait mieux asservir un individu.

     

    2- L’insécurité juridique

     

    Mais il y a pire. Aucun contrat de travail écrit ne lui est délivré ; aucun certificat n’atteste d’éventuels diplômes ou d’une activité. Tout se fait par oral. Il n’est donc pas possible de prouver son appartenance à l’Opus Dei par un document écrit. Aucune procédure ne peut donc être engagée contre l’Opus Dei devant un tribunal en cas de préjudice allégué. « Verba volant, scripta manent ». L’Opus Dei craint donc comme la peste l’écrit compromettant qui reste.

     

    3- Le contrôle de l’individu par isolement social, voire déracinement par déplacements constants.

     

    L’individu est progressivement écarté de sa famille et de son réseau d’amis: la participation à des événements familiaux est chichement accordée. Les relations sont sévèrement contrôlées. Des déplacements constants provoquent un déracinement, voire une désorientation pour exiger une disponibilité entière de l’individu.

     

    4- La délation institutionnalisée, appelée correction fraternelle

     

    Cela ne suffit pas. Il faut encore surveiller sa conduite. Au sein même de l’Opus Dei, chacun épie son prochain. Sous prétexte d’un devoir de correction fraternelle, la délation est institutionnalisée: les conduites d’autrui jugées déviantes doivent être rapportées à la direction qui dicte la procédure corrective à suivre. Aucune critique de la direction n’est tolérée. Et, quoiqu’ainsi rendues déjà difficiles par ces méthodes, les relations interpersonnelles sont étroitement contrôlées.

     

    5- La censure de l’information

     

    Il va de soi que toute information est soumise à une censure préalable de la direction: livres et autres médias doivent faire l’objet d’autorisation spécifique de la part de la direction. Les bibliothèques sont expurgées de tout ouvrage interdit. On songe à l’« Index librorum prohibitorum » décidé en 1559 par le Concile de Trente qui recensait les livres impies interdits aux fidèles. Émissions de télévision, films, spectacles sont a fortiori passés au crible avant d’être éventuellement permis.

     

    6- L’exigence d’une soumission aveugle à l’autorité

     

    Enfin, une soumission aveugle à l’autorité est exigée de l’individu ; elle caractérise ce qui est appelé « le bon esprit » par opposition « au mauvais esprit ».

    La direction est seule juge du contenu de ces formules arbitraires à souhait: collégiale, elle s’organise selon une hiérarchie stricte ;

    à la base, l’individu se voit imposer une double tutelle. Deux surveillants, un directeur spirituel laïc et un confesseur, l’observent au cours d’entretiens hebdomadaires, le soumettent à un interrogatoire en plus de la confession à laquelle il est astreint. Ses révélations confidentielles sont consignées par écrit à son insu et adressées à l’échelon collégial hiérarchique supérieur qui, en retour, adresse ses observations et les directives à appliquer.

     

    On a reproché à l’Œuvre sa pratique du secret42. Il est vrai que la nouvelle constitution de 1982 ne mentionne plus cette pratique, mais les habitudes ont la vie dure et le mouvement se refuse toujours à dire si une personne est membre ou pas. C’est du moins ce qu’affirme son porte-parole belge, le prêtre Stéphane Seminckx, à la “Libre Belgique”43:

     

    « Y a-t-il une forme de secret autour de l’appartenance à l’Opus Dei, comme cela peut exister dans la franc-maçonnerie, où l’on ne cite pas les noms des autres membres ?

     

    – Ce serait contradictoire, dans le sens où un membre de l’Opus Dei est appelé à témoigner de sa foi et s’afficher comme catholique et membre de l’Opus Dei. En fermant la bouche et se cachant les yeux, ce serait difficile…

     

    Si je vous cite un nom, vous me confirmerez qu’il est membre ?

     

    – En général non, par respect pour la vie privée je vous inviterai à lui poser la question directement. C’est à lui de décider quand et comment il souhaite en parler. »

     

    Ajoutons pourtant que la constitution de 1982 interdit toujours aux membres de paraître publiquement en corps44:

     

    « [Les fidèles de la Prélature] ne participeront pas collectivement aux manifestations publiques de culte comme les processions, sans pour autant cacher qu’ils appartiennent à la Prélature » Article 89.

     

    Qu’en est-il de la mortification pratiquée dans l’Opus Dei ? Elle est réelle et d’un autre âge selon nous. Ces paroles ahurissantes du fondateur sont révélatrices de sa spiritualité morbide45:

     

    « Tu me parles de Chemin. Je ne le connais pas par cœur mais il y a une phrase qui dit: bénie soit la douleur, aimée soit la douleur, sanctifiée soit la douleur, glorifiée soit la douleur. T’en souviens-tu ? J’ai écrit cela dans un hôpital, au chevet d’une mourante qui venait de recevoir l’Extrême-Onction.

     

    J’en étais follement jaloux ! Cette dame était de haute lignée et avait joui d’une grande aisance matérielle dans sa vie. Et elle se trouvait là, sur un grabat, à l’hôpital, mourante et toute seule, sans autre compagnie que celle que je pouvais lui apporter à ce moment là, jusqu’à ce qu’elle meure.

     

    Et elle reprenait ces mots, en les savourant, heureuse: bénie soit la douleur — elle endurait toutes les souffrances morales et physiques — aimée soit la douleur, sanctifiée soit la douleur, glorifiée soit la douleur ! La souffrance prouve bien que l’on sait aimer, que l’on a du cœur”.

     

    On nous dit même “que saint Josémaria se servit de ces paroles plus d’une fois pour consoler des malades mourants dont il s’occupait en ces années-là (Ndr années 30), dans les hôpitaux de Madrid. »

     

    Revenons à l’interview de Monsieur Stéphane Seminckx qui confirme à sa manière46:

     

    Enfin, vous l’indiquez en première page de votre site internet, l’Opus Dei pratique la mortification, ce qui signifie « s’imposer une souffrance physique pour progresser dans le domaine spirituel ». Ce genre de sacrifice corporel interpelle, même si on est loin de la caricature du film ‘Da Vinci Code’ avec le sang qui gicle sur les murs.

     

    – Oui, dans le film, c’est absurde et n’a rien à voir avec ce que nous vivons.

     

    Soyons concrets. Dans le livre ‘Chemin’, Escrivá demande à ses membres « d’aimer, de bénir, de sanctifier et de glorifier la douleur ! » Vous admettez que c’est difficile à comprendre quand on est extérieur à l’Œuvre ?

     

    – Difficile à comprendre??? Que le Christ ait été condamné à mort, flagellé, couronné d’épines et crucifié ? Alors, ça fait 2.000 ans que c’est difficile à comprendre. Cette dimension de souffrance et de mort fait partie de la vie de disciple chrétien. La mortification, c’est faire mourir en soi tout ce qui est pesanteur dans sa personnalité et qui m’empêche de m’élever vers Dieu, tel que l’égoïsme, le péché. Ces actes de mortification permettent de s’identifier au Christ, au même titre que le jeûne du Carême. Je ne peux pas vivre avec le Christ si je ne souffre pas avec lui.

     

    Concrètement, le cilice (photo ci-dessus) est une petite ceinture métallique qui pique la peau. Vous l’attachez de manière serrée – et donc douloureuse – à la cuisse. Tout le monde pratique cela ?

     

    – Non, les surnuméraires ne font et ne vivent pas cela. Je crois même qu’ils n’ont jamais vu de cilice. Clairement, une mère de famille ne fait pas cela. Sa charge quotidienne est suffisante…

     

    Quand utilisez-vous le cilice et comment ? Ça peut aller jusqu’à saigner ?

     

    – On le met environ 2 heures par jour, mais c’est presque rien. Celui qui fait un régime ou du body building souffre dix fois plus que moi avec mon cilice. Ça pique juste un peu… je ne fais qu’un tout petit quelque chose de très modeste. C’est moins douloureux que pour le Christ, mais je ne cherche pas non plus à l’imiter.

     

    Puis, il y a des coups de fouets… petit fouets, certes.

     

    – On fait cela dans un endroit discret afin d’être en communion avec le Christ. Mais nous n’avons pas le monopole de cela. Paul VI employait un cilice. D’ailleurs, nous achetons cela à d’autres ordres. Cela ne se vend pas au Carrefour…

     

    Vous rigolez, mais vous comprenez que ça interpelle les gens ?

     

    – Évidemment, car la passion du Christ est un scandale pour les Juifs et une folie pour les Païens… et vu qu’il y en a beaucoup, ça reste une folie. Certains voudraient vivre et triompher avec le Christ sans mourir ou souffrir avec lui. On ne peut pas sauter les pages de la passion, comme disait le Cardinal Danneels. La mortification fait totalement partie de notre choix d’amour… comme un marié embrasse sa femme tous les jours. C’est de l’amour.

     

     

     

    Enfin, vous dormez parfois par terre, sans matelas…

     

    – C’est du même ordre, une petite mortification réservée aux numéraires. Ce n’est pas de l’héroïsme.

     

    Étonnant quand même… Surtout quand le porte-parole du mouvement compare ces macérations à embrasser sa femme tous les jours. On voit bien qu’il est célibataire…

     

    Justement au sujet du mariage, nous avons trouvé une “perle” d’Escrivá. Selon lui les grandes responsables de l’adultère des hommes sont leurs épouses:

     

    « Ainsi, j’ose affirmer que les femmes sont responsables, à quatre-vingts pour cent, des infidélités de leurs maris, parce qu’elles ne savent pas les conquérir chaque jour, elles ne savent pas avoir des gestes aimables et délicats »47.

     

    Et celles-ci dans “Chemin”:

     

    « Le mariage est pour la troupe et non pour l’état-major du Christ… » [28]

     

    Les femmes n’ont pas besoin d’être savantes, il suffit qu’elles soient effacées” [946]

     

    Enfin la position d’Escrivá au sujet du nazisme a été critiquée:

     

    Vladimir Felzmann, prêtre et ancien membre de l’Opus, rapporte une conversation avec Escrivá qui en dit long. Après avoir maintenu que le christianisme avait été sauvé du communisme par la prise de pouvoir du général Franco avec l’appui du chancelier Hitler, il ajouta:

     

    « Hitler contre les juifs, Hitler contre les slaves, c’était Hitler contre le communisme.48 »

     

    Evidemment l’Opus Dei réfute cette déclaration embarrassante49.

     

    Le site de “Golias” a décrypté le vocabulaire “ésotérique” de l’Opus Dei50:

     

    « Le secret de l’Œuvre est présent jusque dans son langage. Le profane qui voudrait comprendre l’Opus Dei doit d’abord passer par une phase rébarbative: le décryptage d’un vocabulaire hallucinant, condition sine qua non pour trouver son chemin dans l’enchevêtrement d’un labyrinthe épouvantable. …

     

    Academia-Residencia: Formulaire où figurent les renseignements principaux concernant la personne et sa famille. Le candidat le remplit et le remet avant l’’Admissio’. Il constitue la base du fichier des personnes qui est géré dans la Région correspondante et continuellement complété avec les indications fournies par la personne elle-même ainsi que par d’autres, éventuellement. Les renseignements personnels sont également transmis avec la photo – format passeport – à la centrale romaine.

     

    Administration:1) La totalité des travaux domestiques des sièges et des centres, c’est-à-dire, concrètement, l’assistance pour les oratoires, les services de la porte et du téléphone, la propreté des pièces, l’intendance et le linge. 2) Les groupes de personnes qui exécutent des travaux dans un centre: a) administration extraordinaire: les femmes célibataires de l’Opus Dei, qui s’occupent des travaux domestiques dans les centres masculins, mais n’y habitent pas ; b) administration ordinaire: les femmes célibataires de l’Opus Dei qui s’occupent des travaux domestiques dans les centres masculins où elles habitent, mais dans un lieu strictement séparé.

     

    Admissio:Simple admission comme membre (à dix-sept ans au plus tôt). Le candidat et la prélature signent un contrat. Le nouveau membre s’engage, entre autres, à vivre selon l’esprit et la pratique de l’Opus Dei et à être actif au point de vue apostolique. La prélature s’engage à garantir au membre une formation continue au point de vue théologique, une formation spirituelle et une discipline en matière d’ascèse, ainsi qu’à lui garantir un encadrement pastoral spécifique par des prêtres de la prélature. …

     

    Âne: Symbole populaire au sein de l’Opus Dei. Egalement, mascotte dans les centres. Animal préféré de Josémaria Escriva, parce qu’il est toujours heureux de faire ce que son maître lui demande.

     

    Aspirant: Le jeune, à partir de quatorze ans et demi, qui a été désigné en tant que numéraire (célibataire) ou agrégé (célibataire) et qui veut être accepté à l’Opus Dei, exprime sa demande dans une lettre adressée au vicaire régional. Ensuite, il est intégré par le programme de la formation initiale dans la vie interne de l’Opus Dei, sans appartenir juridiquement à l’Œuvre (voir aussi Société sacerdotale de la Sainte-Croix).

     

    Baiser le sol: Exercice religieux qui trouve son origine directement dans l’esprit de l’Opus Dei et qui est à accomplir immédiatement après s’être levé le matin et en d’autres occasions (par exemple: les Preces51 quotidiens, ou au cours du Cercle hebdomadaire) avec la prière Servian (Je veux servir).

     

    Caeremoniale: Écrit qui fixe le déroulement de certaines actions (par exemple les Preces, le déroulement d’un Cercle, l’établissement d’une Liste de Joseph).

     

    Canard: Symbole populaire au sein de l’Opus Dei. Un des animaux préférés de Josémaria Escrivá parce qu’il saute dans l’eau sans faire attention. Les membres de l’Opus Dei doivent agir ainsi pour recruter des membres.

     

    Candidat siffleur: Nom qui se trouve sur la liste de Saint Joseph.

     

    Canziones: Chants, généralement espagnols, de l’Opus Dei pour recruter des membres, que les enfants du club ou les candidats siffleurs (= aspirants de l’Opus Dei) apprennent déjà.

     

    Catecismo: Catéchisme de l’Opus Dei. Instrument de formation, avec questions et réponses. Occasionnellement modifié, il est gardé scrupuleusement sous clef. Il est interdit de prendre des notes à partir du catéchisme.

     

    Ceinture de pénitence: Ruban métallique, muni d’épines dirigées vers l’intérieur, attaché au haut de la cuisse. Les numéraires et les agrégés (soit la moitié environ des effectifs de l’Opus Dei) doivent le porter quotidiennement pendant au moins deux heures. Information qui dément les propos de l’Opus Dei selon lesquels les instruments de pénitence ne jouent qu’un rôle minime et ne sont utilisés que par une minorité des membres de l’Œuvre. …

     

    Charla Fraterna: Explication hebdomadaire d’un membre avec son responsable spirituel.

     

    Charla Periodica: Explication occasionnelle d’un membre avec un prêtre de l’Opus Dei. …

     

    Cinq mille kilomètres: La distance qui, selon Josémaria Escrivá, devrait séparer ses fils et ses filles (les sections masculines et féminines, ou la Résidence et l’Administration) dans une même famille de l’Opus Dei. …

     

    Confidencia: Confession des membres au sein de la Charta Materma.

     

    Correctio fraterna: Réprimande adressée à un membre par un autre témoin d’un manquement de la personne réprimandée contre l’esprit de l’Œuvre. Cette admonestation est précédée, la plupart du temps, d’une consultation auprès d’un supérieur.

     

    Cours annuel: Remplace les vacances annuelles. Il est d’une durée de trois semaines consacrées à la formation en philosophie, théologie et psychologie.

     

    Cronica: Revue interne des responsables, qui n’est accessible directement qu’aux numéraires et qui doit être gardée sous clef par les directeurs des centres.

     

    Cuadernos: Œuvre, en neuf volumes, avec les instructions concernant la vie intérieure, également gardée sous clef. …

     

    Esprit et pieuses habitudes: Écrit en latin (De spiritu et de pius servandis consueiudinibus) avec de brefs paragraphes concernant la vie interne de l’Opus Dei. Trouve ses origines dans les Constitutions. À garder scrupuleusement sous clef.

     

    Examen particulier: Le point que fixe le directeur spirituel lors de la Charla Fraterna et pour lequel la personne concernée doit fournir un effort particulier dans la semaine qui suit. …

     

    Famille: Communauté de l’Opus Dei. A débuté en 1932 avec le père de Josémaria Escrivá, la grand-mère (abuela) Dolores, la tante (tia) Carmen et Santiago qui vivaient ensemble. Elle a plus d’importance que la famille de sang respective des enfants (= membres de l’Opus Dei). Les organisations de type secte aiment s’appeler “famille”.

     

    Fidelitas: Promesse d’appartenir à vie à l’Opus Dei et admission juridiquement définitive, possible à l’âge de vingt-trois ans au plus tôt. La promesse est faite par des numéraires et des agrégés, les surnuméraires ne sont que rarement admis. En plus du contrat général à vie (comparer également Admissio et Oblatio), les candidats à la Fidelitas font encore une promesse spéciale par laquelle ils s’engagent:

     

    1) à éviter tout ce qui pourrait nuire à l’Œuvre ;

    2) à exercer la correction fraternelle ;

    3) à être encore plus fidèles à l’égard de l’enseignement de l’Église et de l’esprit de l’Opus Dei.

     

     

    Fouet: Fouet à cinq bouts pourvus de nœuds (obligatoire pour les hommes) ou fait de cordes en nylon auxquelles on a attaché de grosses et lourdes boules pourvues d’épines (obligatoire pour les femmes). Est utilisé par les numéraires et agrégés le samedi, pour une durée correspondant au Salve Regina ou Regina Coeli.

     

    Glosas: Instructions en cinq volumes, décorés avec cinq couleurs distinctes, pour la formation des candidats entrant à l’Opus Dei. Pour ceux qui sont admis à la Société sacerdotale de la Sainte-Croix (brun clair) ; pour les laïcs célibataires à Saint-Michel, numéraires (rouge) ; agrégés (bleu) ; pour les mariés, à Saint-Gabriel (bleu foncé) ; pour les jeunes, à Saint-Raphaël (brun). À garder scrupuleusement sous clef. …

     

    Habitudes: Exercices spirituels dans le déroulement d’une journée. À distinguer des normes (voir Esprit et pieuses habitudes).

     

    Index: Index librorum prohibitorum. Liste de livres interdits établie par le Saint-Siège – avec punition de l’Église – introduite en 1559 et abolie en 1966. Continue à être d’application au sein de l’Opus Dei, et de manière plus sévère: plus de mille titres (par exemple: Küng, Luther, Lessing, Brecht, Pasternak) auxquels de nouveaux viennent sans cesse s’ajouter. Classification: 1) pas d’objection ; 2) uniquement permis dans le cadre d’une formation doctrinale préparatoire ; 3) tombe sous l’interdiction interne ; 4) tombe sous l’interdiction morale générale.

     

    Inscrito/Inscrita: En espagnol: inscrit/inscrite. Numéraire qui, en plus d’un contrat normal, se lie à la prélature par un contrat supplémentaire et qualifié pour les tâches de direction. Pas mentionné dans les statuts mais dans les écrits internes (par exemple, Vademecum). Les noms des inscrits sont inconnus de la plupart des membres de l’Opus Dei.

     

    Jour de veille: Un jour par semaine pendant lequel chaque membre de l’Opus Dei consacre une attention toute particulière à sa prière ainsi qu’à la réalisation de l’esprit opusdéiste, des normes et des habitudes envers lui-même et les autres (voir Correctio fraterna). Comprend le Sleeping.

     

    Lanterne rouge: La dernière personne à être devenue membre d’un centre porte la lanterne rouge de manière symbolique et la transmet dès qu’un nouveau membre est recruté.

     

    Lettre: Demande d’admission que le candidat siffleur (ou la candidate siffleur) adresse par lettre recommandée, à l’âge de seize ans et demi au plus tôt, à son ordinaire compétent à la prélature. Celui qui veut devenir numéraire ou agrégé écrit la lettre au prélat ; les futurs surnuméraires l’adressent au vicaire général compétent. …

     

    Liste de Saint Joseph: Liste des candidats siffleurs possibles, qui est établie au Centre le dix-huit mars de chaque année (la veille de la fête de Saint Joseph et de la fête du fondateur Josémaria Escrivá) et qui est gardée sous clef. Durant une année, on essaye de recruter des candidats pour l’Opus Dei et, le dix-huit mars de l’année suivante, l’enveloppe contenant la liste de Saint Joseph est ouverte. Les recruteurs efficaces seront mis à l’honneur. Souvent, il existe trois listes différentes, selon les trois groupes de membres. …

     

    Minute héroïque: Se lever tout de suite le matin, immédiatement après que la sonnette (du réveil-matin) ait retenti.

     

    Mortification: a) Mortification obligatoire: par exemple, le fouet et le cilice ; dormir sur un lit blanc (uniquement pour les femmes numéraires) ; minute héroïque ; pas de sieste.

     

    b) Mortification volontaire: par exemple, être gentil ; le matin, une douche froide ; pas de bain dans une baignoire ; être assis sur une chaise sans s’appuyer ; pas de tartine beurrée. …

     

    Noticias: Revue interne de la section féminine de l’Opus Dei, qui est gardée sous clef. …

     

    Oblatio: Renouvellement annuel des liens contractuels avec l’Opus Dei. En règle générale, cinq fois jusqu’à la Fidelitas. La promesse faite lors de l’incorporation (Admissio) est renouvelée. …

     

    Obras: Revue interne de l’Opus Dei, qui est gardée sous clef. …

     

    Pêche: De l’espagnol: pesca. Recrutement de nouveaux membres (voir Canziones).

     

    Piothèque: La bibliothèque fermée à clef dans un centre de l’Opus Dei. …

     

    Preces: Prière de la famille de l’Opus Dei, obligatoire sauf pour les non-membres. Elle contient des demandes adressées à Marie, Joseph et les anges, pour le pape, pour l’évêque. Pour les bienfaiteurs de l’Opus Dei et pour le fondateur. Les Preces, et quelques autres prières, ne doivent être accomplies qu’en latin, et avec la prononciation romaine. …

     

    Saint-Gabriel: Œuvre de l’Opus Dei pour les gens mariés qui veulent être acceptés dans les rangs de l’organisation.

     

    Saint-Michel: Œuvre de l’Opus Dei pour les célibataires qui veulent être acceptés.

     

    Saint-Raphaël: Œuvre de l’Opus Dei pour les enfants et les jeunes qui veulent être acceptés. …

     

    Séminaire des siffleurs: Réunions spéciales pour non-membres prêts à entrer dans l’Opus Dei.

     

    Siffler: Entrer à l’Opus Dei. …

     

    Sleeping: Repos nocturne sur le plancher au moins une fois par semaine. Les numéraires féminins qui dorment dans un lit renoncent, une fois par semaine, à leur oreiller, ou le remplacent par un livre.

     

    Vademecum: Guide. Écrit en sept volumes, établi en différentes couleurs avec des indications précises et pratiques pour la vie quotidienne à l’Opus Dei. Les dispositions d’application des Statuts et d’Esprit et pieuses habitudes sont à garder scrupuleusement sous clef. La première version a été écrite par Josémaria Escrivá, mais elle a été retravaillée pour la prélature personnelle: De publicationes internas (rouge) ; De los consejos locales (bleu foncé) ; Del apostolado de la opinion publica (orange) ; De liturgia (bordeaux) ; De sacerdotes (violet) ; De las Fedes de los Centros (vert) ; De Ceremonias Liturgicas (gris).” …

     

    Divers: Et le Da Vinci Code ?

    Le Da Vinci Code est un roman écrit par Dan Brown en 2003 et adapté au cinéma par Ron Howard en 200652. Il s’agit d’une œuvre qui présente un Opus Dei et un christianisme de pure fiction.

     

    Nous partageons avec quelques nuances les cinq points de réplique de l’Œuvre à ce sujet;

     

    « En résumé voici les principaux problèmes concernant Da Vinci Code:

     

    1. Il s’en prend à l’Église catholique et à ce qu’elle croit sur Jésus-Christ, à la Bible, et à l’autorité de l’Église.

    2. Il prétend être parfaitement précis et basé sur des faits, ce qui est faux.

     

    3. Il réécrit et donne une interprétation erronée de l’histoire séculaire de l’Église.

    4. Il met en exergue des idées néo-gnostiques, féministes radicales.

     

    5. Il propage une attitude indifférente et relativiste envers la vérité et la religion. »53

     

    Finalement l’Opus Dei a profité du Da Vinci Code pour renforcer sa communication. Le “Figaro Magazine” affirmait en 2007 que

     

    « le site internet de l’Œuvre en France recevait une moyenne de 7.000 visites par mois avant 2004 ; il en affiche aujourd’hui 21.000. Le site mondial en décomptait 1 million en 2005 ; pour chacun des trois premiers mois de 2006, cette moyenne est passée à 13 millions ».54

     

    L’affaire Catherine Tissier

    A l’issue du procès, la justice a donc ordonné la publication du communiqué suivant dans les journaux “Le Figaro” et “La Croix”:

     

    « Par arrêt du 26 mars 2013, la Cour d’Appel de Paris a condamné l’ACUT à une amende de 75.000 €, Madame BARDON DE SEGONZAC et Madame DUHAIL, responsables de l’École Technique Hôtelière de Dosnon et du Centre International de Rencontres de Couvrelles (Aisne), à une amende de 3.000 € chacune pour travail dissimulé en ayant fait une exploitation abusive du travail bénévole de membres de l’Opus Dei et pour rétribution contraire à la dignité en ayant profité du jeune âge et de la situation de dépendance de ses pensionnaires, élèves ou stagiaires, ainsi que de la vulnérabilité d’une numéraire auxiliaire (Catherine Tissier) pour rémunérer insuffisamment ou se passer de rémunérer leur travail. »

     

    Les personnes qui veulent consulter l’integralité de l’arrêt de la Cour d’Appel peuvent le consulter sur internet55:

     

    Massimo Introvigne, directeur du Centro Studi sulle Nuove Religioni – CESNUR), affirmait en septembre 2011 que le seul lien existant entre l’école Dosnon et l’Opus Dei consiste en l’assistance spirituelle. Autrement dit l’Opus Dei fournirait un service d’aumônerie à l’école hôtelière sans plus56.

     

    C’est également la thèse officielle du mouvement:

     

    « L’appartenance de Catherine Tissier à l’Opus Dei jusqu’en 2001 et la prise en charge de l’aumônerie de l’école Dosnon par cette institution de l’Eglise Catholique ont suffi à certains pour considérer qu’elle était partie prenante dans ce procès »57.

     

    Quelques remarques nuancent cette opinion:

     

    1. L’arrêt de la Cour d’Appel déclare que les protagonistes de l’affaire sont ou étaient membres de l’Opus Dei58

     

    2. D’après la parution du jugement ci-dessus dans la presse Madame BARDON DE SEGONZAC et Madame DUHAIL, sont les responsables de l’École Technique Hôtelière de Dosnon et du Centre International de Rencontres de Couvrelles, abrités dans le même château.

     

    3. Un ancien professeur de l’école, ex-numéraire auxiliaire, a indiqué au procès en appel que l’école avait été créée pour pallier le manque de personnel du Centre de Rencontres59

     

    4. Le château de Couvrelles, est répertorié comme appartenant à l’Opus Dei dans la carte de ses établissements qui proposent des activités de formation spirituelle60

     

    5. L’opusien Henri Mondion déclare sur son site que l’ancien prélat de l’Œuvre, Alvaro del Portillo (+ 1994) a séjourné à Couvrelles en 1986 et qu’il l’y a rencontré61. Quand on sait que l’école hôtelière et le centre de Couvrelles de l’Opus Dei sont dans le même château et que les élèves de l’école font leurs “stages” dans le centre, comment croire qu’il n’existe qu’un lien d’ordre spirituel.

     

    6. Il est connu que l’Opus Dei utilise des sociétés écrans62. Ne serait-il pas possible que l’Association de Culture Universitaire et Technique (ACUT) qui gère l’école Dosnon, soit l’une d’entre elles ?

     

    7. Sur le site d’information du CIDE, l’école hôtelière Dosnon est présentée comme une institution catholique dépendant de la Prélature de l’Opus Dei63.

     

    Le moins qu’on puisse dire est que l’ACUT et l’école hôtelière sont proches de l’Opus Dei64.

     

    Les personnes concernées se sont pourvues en cassation65. Donc l’affaire est à suivre.

     

    Dans son dépliant « Chercher Dieu dans la vie ordinaire »66, l’Opus affirme que l’âge de 18 ans est requis pour s’engager:

     

    « Lorsque leur décision a mûri suffisamment, elles (les personnes) peuvent demander à être admises. Dix-huit mois plus tard, si elles ont toujours la ferme conviction que leur place est là, elles peuvent s’engager dans l’Opus Dei. L’âge minimal pour prendre cet engagement est de 18 ans. Il doit ensuite être renouvelé chaque année pendant au moins cinq ans, avant de pouvoir devenir un engagement à vie. »

     

    Pourtant, en 1987, Catherine Tissier s’est engagée dans l’Œuvre par les promesses d’obéissance, de pauvreté et de chasteté avant l’âge de 16 ans67. On peut quand même se demander si elle était assez mature pour faire de telles promesses en toute connaissance de cause.

     

     

    Conclusion

     

    En conclusion on peut citer les critères de discernement d’une secte élaborés par le Vatican68:

     

    Les 11 caractéristiques des mouvements religieux destructifs selon le Vatican

     

    Caractéristique n° 1: Un processus subtil d’introduction du converti et (une) découverte progressive de ses véritables interlocuteurs ; ainsi que l’approche générale basée sur la tromperie et la séduction.

     

    Caractéristique n° 2: Utilisation de techniques de domination: “matraquage d’amour” (“love-bombing”), etc.

     

    Caractéristique n° 3 Réponses toutes faites… on force quelquefois la décision des recrues.

     

    Caractéristiques n° 4  et 5: Usage de la flatterie et contrôle grâce à la distribution d’argent, de médicaments.

     

    Caractéristique n° 6: Exigence d’un abandon inconditionnel au fondateur, au leader.

     

    Caractéristique n° 7: Utilisation de l’isolement: contrôle du processus rationnel de pensée, élimination de toute information ou influence extérieure (famille, amis, journaux, … etc.) qui pourrait briser la fascination et le processus d’assimilation des sentiments, des attitudes et des modèles de comportement.

     

    Caractéristique n° 8: Détournement des recrues de leur vie passée, insistance sur les comportements passés déviants, comme l’usage de la drogue, les méfaits sexuels ; moquerie du sujet, des troubles psychiques, du manque de relations sociales, etc.

     

    Caractéristique n° 9: Méthodes d’altération de la conscience conduisant à des perturbations de la connaissance (“bombardement intellectuel”), utilisation de clichés inhibant la réflexion, systèmes logiques clos, limitation de la pensée.

     

    Caractéristique n° 10: Maintien des recrues dans un état d’occupation continue, en ne les laissant jamais seules ; exhortation et formation continuelles dans le but d’arriver à un état d’exaltation spirituelle, de conscience émoussée, de soumission automatique aux directives ; écraser la résistance et la négativité.

     

    Caractéristique n° 11: Forte concentration sur le leader ; certains groupes peuvent même diminuer le rôle du Christ en faveur du fondateur (dans le cas de “sectes chrétiennes”).

     

    Il convient évidemment d’appliquer ces caractéristiques également aux mouvements catholiques eux-mêmes, y compris à l’Opus Dei. Nous avons produit quelques opinions de différentes personnes qui permettront à chacun de se faire une idée.

     

    En terminant, voici les quatre directives du cardinal Hume, archevêque catholique de Westminster à l’Opus Dei en décembre 1981 pour son diocèse:

     

    1. Aucune personne âgée de moins de 18 ans ne doit être autorisée à prononcer de vœux ou à prendre des engagements à long terme, en relation avec l’Opus Dei ;

     

    2. Il est essentiel que les jeunes qui désirent entrer dans l’Opus Dei s’en ouvrent à leurs parents ou à leurs tuteurs légaux. Si, par exception, il existe des raisons fondées pour que l’on n’entre pas en contact avec leurs familles, ces raisons doivent, dans tous les cas, être débattues avec l’évêque local ou son délégué ;

     

    3. S’il est admis que ceux qui adhèrent à l’Opus Dei prennent les devoirs et les responsabilités propres aux membres, il faut bien veiller à respecter la liberté de l’individu ; tout d’abord la liberté, pour l’individu, d’adhérer à l’organisation ou de la quitter sans que s’exerce une pression indue ; la liberté, pour l’individu, à quelque étape que ce soit, de choisir son propre directeur spirituel, que ce directeur soit ou non membre de l’Opus Dei ;

     

    4. Les initiatives et les activités de l’Opus Dei dans le diocèse de Westminster doivent porter la claire indication qu’elles sont patronnées et dirigées par lui.

     

    Je suis convaincu que ces quatre directives ne gêneront nullement l’Opus Dei dans son travail apostolique mais l’aideront à adapter sa spiritualité à nos traditions.”

     

    Nous recommandons quatre sites internet aux personnes qui veulent aller plus loin au sujet de l’Opus Dei:

     

    Sites favorables:

     

    Site de l’Opus Dei en français opusdei.fr

    Site consacré au fondateur fr.josemariaescriva.info

    Sites défavorables:

     

    Site internet d’anciens membres opuslibre.free.fr

    Opus Dei info, une mine de documents opus-info.org

    Jacques LEMAIRE

     

    Jacques LEMAIRE est né en 1950.

    Il a étudié la théologie dans l’Église catholique romaine, où il se destinait à la vie monastique. Il s’est converti en 1971. Il est pasteur de l’Assemblée Chrétienne de Courcelles (Belgique), qu’il a fondée en 1980 avec son épouse Danièle BRACQ. Il se consacre à l’enseignement biblique. Il est en outre membre du comité directeur de Vigi-Sectes, directeur du Centre de Formation Chrétienne et il collabore à la formation de pasteurs et de responsables d’Églises locales.


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    « MAINTENANT »

    L’Opus Dei et l’Europe : du recyclage des fascistes au contrôle des démocraties

    par Thierry Meyssan

    L’Opus Dei joue un rôle de tout premier plan dans la construction européenne. Après la seconde Guerre Mondiale, d’anciens responsables fascistes s’investissent au sein des nouvelles institutions européennes, mises en place par des membres de l’Œuvre divine.

     

    ARCHIVES | PARIS (FRANCE) | 22 MARS 1995 

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    Pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en condamnant l’idéologie nazie, les principaux responsables de l’Église catholique soutinrent massivement les régimes fascistes, au motif qu’ils formaient un rempart face à la subversion bolchevique. L’écroulement du IIIe Reich, sous les coups conjugués des Anglais, des Américains et des Soviétiques, aurait dû se traduire non seulement par l’épuration de la classe politique européenne, mais aussi par celle de l’Église romaine. Il n’en fut rien.

     

    Les ecclésiastiques collaborateurs manipulèrent l’illusion religieuse au point que tout questionnement de leur responsabilité dans des crimes contre l’humanité apparut comme un blasphème. Utilisant l’immunité que leur confèrent aux yeux des croyants les fonctions sacrées qu’ils exercent, ils s’employèrent à "exfiltrer" vers l’Amérique latine les chefs fascistes pour les soustraire à la justice et empêcher que des procès ne viennent révéler leur propre culpabilité. Dans ce contexte, l’Opus Dei consacra toutes ses forces à effacer les traces de l’Histoire en favorisant la réconciliation européenne.

     

    Cette politique fut favorisée à contre-coeur par le général de Gaulle. Les Français avaient soutenu massivement et jusqu’au dernier moment le régime fasciste de l’ex-maréchal Pétain et, à travers lui, ils avaient activement participé à l’effort de guerre du Reich. A la conférence de Yalta, les Alliés avaient décidé d’occuper la France dès qu’ils l’auraient vaincue, de fusiller ses officiers et de frapper d’incapacité civique tous les hommes de plus de quarante ans. Le génie de de Gaulle fut donc de présenter l’État français comme un usurpateur et le gouvernement de la France libre, durant son aventure londonienne, comme le seul gouvernement légitime. Parfaitement conscient que la Résistance qui avait effectivement existé sur le sol français était majoritairement communiste, et craignant une insurrection marxiste, Churchill donna sa caution à ce mensonge historique et l’on présenta la défaite de l’Etat français comme la libération d’un territoire occupé par l’ennemi. Emporté par cette logique révisionniste, de Gaulle fut contraint d’accepter le maintien des évêques fascistes et de faire amnistier, voire présenter comme résistants divers responsables pétainistes. Ce recyclage de catholiques fascistes fut favorisé par deux membres de l’Opus Dei proches du général : Maurice Schumann ("La voix de la France libre") et la comtesse Thérèse, épouse du maréchal Leclerc de Hautecloque. De Gaulle pensait éviter ainsi une guerre civile. Quoi qu’il en soit, cette tactique a permis à des politiciens et fonctionnaires d’extrême droite de s’intégrer dans les nouvelles institutions démocratiques, d’y avancer masqués, et de tenter par la suite d’y faire triompher à nouveau leurs idées.

     

    Un cas surprenant est celui de Robert Schuman (avec un seul n, aucun lien de parenté avec le précédent). En septembre 1944, ce politicien chrétien démocrate, alors âgé de cinquante-huit ans, apparaît comme l’éphémère conseiller du maréchal de Lattre De Tassigny lors de la libération de l’Alsace-Lorraine. Il est élu député en 1945, nommé ministre des Finances en 1946, président du Conseil en 1947, ministre des Affaires étrangères en 1948. En 1949, il installe le siège de l’OTAN à Paris. Il lance l’idée de l’Europe communautaire en 1950 (CECA et CED), participe activement au gouvernement d’Antoine Pinay. Maintenu à l’écart des affaires françaises au retour de de Gaulle, il fut le premier président du Parlement européen. Atteint de sénilité, il meurt en 1963 et reste dans les mémoires comme "le père de l’Europe".

     

    On le savait profondément religieux, assistant à la messe chaque matin, se livrant à de douloureuses mortifications, on apprend aujourd’hui à l’occasion de son procès en béatification qu’il était membre de l’Opus Dei.

     

    On aurait dû se souvenir du décret Poinso-Chapuis. Ce texte qu’il signa en tant que président du Conseil (JO du 22 mai 1948) permettait à l’Eglise de détourner des subventions publiques par le biais des associations familiales. Il fut retiré après une mobilisation nationale comparable à celle provoquée récemment par l’abrogation de la loi Falloux.

     

    Mais avant que Robert Schuman ne soit proclamé bienheureux, puis saint par Jean-Paul II, il convient de se demander comment on a pu oublier qu’il avait été fasciste, sous-secrétaire d’Etat de Philippe Pétain. Frappé d’indignité nationale à la Libération, au moment même où il avait tenté de se placer auprès du maréchal de Lattre, il avait été relevé de son inéligibilité sur intervention de Charles de Gaulle en août 1945. Pour maquiller cette réhabilitation, on avait mis en avant qu’il avait été assigné à résidence par les nazis dès 1941. En réalité, Robert Schuman avait toujours soutenu la "révolution nationale" fasciste, et s’était uniquement opposé à l’annexion de l’Alsace-Moselle par le Grand Reich.

     

    Robert Schuman ne put édifier les premières institutions européennes qu’avec l’aide d’un autre opusien, Alcide De Gasperi, dont le procès de béatification est également en cours devant la Sacrée congrégation pour la cause des saints. De Gasperi s’opposa à l’accession de Mussolini au pouvoir, et fut emprisonné par les Chemises noires en 1926. Mais il fut libéré et se retira de l’opposition après la signature des accords du Latran entre le Saint-Siège et l’Italie. Il vécut alors dans la Cité du Vatican, où il travailla aux archives secrètes, jusqu’à la chute du Duce. Secrétaire général de la Démocratie chrétienne, il entra au gouvernement dès juin 1945 et fut plusieurs fois président du Conseil. Il arrêta immédiatement l’épuration et veilla personnellement au reclassement des cadres du fascisme qui avaient su être si généreux avec la papauté. Il décéda en 1954.

     

    Robert Schuman et Alcide De Gasperi purent s’appuyer sur Konrad Adenauer pour construire l’Europe de l’amnésie. Le chancelier allemand, président de la Démocratie chrétienne (CDU), ne semble pas avoir été membre de la sainte secte, mais il fut au moins jusqu’en 1958 son allié indéfectible. Tout en soutenant le nazisme, il ne joua pas un grand rôle dans le régime hitlérien. Maire de Cologne, il avait été frappé d’incapacité par les Alliés et démis de ses fonctions. Konrad Adenauer participa activement à la protection de ceux soupçonnés de crimes contre l’humanité et au recyclage des fascistes, non seulement par ambition politique mais pour occulter son propre passé.

     

    Les premiers balbutiements de l’Europe communautaire se concrétisèrent en 1950 avec l’instauration de la Communauté économique du charbon et de l’acier (CECA). Elle réunissait comme par hasard les intérêts des grands industriels catholiques producteurs des matières premières de l’armement lourd. En 1957, la Communauté européenne vit le jour grâce au traité de... Rome. Les textes fondateurs emploient une phraséologie empruntée aux encycliques sociales : "communauté", "communion", "subsidiarité", etc. Le siège de la Commission fut établi à Bruxelles, capitale du très pieux opusien Baudouin Ier. Le cardinal Danneels vient d’ailleurs de demander la béatification du roi chrétien qui s’était opposé à l’avortement, confirmant que l’Opus Dei est une pépinière de petits saints.

     

    Pour garantir l’entraide des fascistes réinsérés au sein des nouvelles institutions européennes, l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie, l’archiduc Otto von Habsburg-Lothringen, fonda alors le Centre européen de documentation et d’information (CEDI). Ce lobby fut tout naturellement installé par l’Opus Dei à l’abri dans la mère patrie, sous la protection du caudillo, le généralissime Franco.

     

    Catholique de grande humilité, Son Altesse Impériale Otto von Habsburg s’est fait élire simple député européen pour continuer à Strasbourg son combat pour la réconciliation européenne. Grâce à lui, au Parlement européen, les démocrates chrétiens (PPE) ne sont plus à droite et les socialistes (PSE) ne sont plus à gauche.

     

    Les affrontements idéologiques sont réservés à la galerie, à l’occasion des élections. Une fois élus, les députés des deux grands groupes abandonnent leurs programmes et votent ensemble la plupart des textes. A Strasbourg la bonne éducation de "monseigneur" s’est imposée, il n’y a pas de conflits politiques, il n’y a que des intérêts partagés. Le consensus des privilégiés permet même de se partager la présidence du Parlement et d’organiser un système tournant PPE/PSE. Les groupes qui refusent d’entrer dans la combine (communistes, écologistes, radicaux) sont exilés avec leurs convictions.

     

    Au fur et à mesure de son expansion, l’Opus Dei a élargi ses objectifs en Europe. Au recyclage des fascistes, à la défense des monarchies catholiques, au contrôle des nouvelles institutions démocratiques s’est ajouté la défense des grands intérêts économiques.

     

    L’outil le plus remarquable fut créé en 1983 sous l’impulsion du vicomte opusien Etienne Davignon (alors commissaire européen chargé de l’Industrie, aujourd’hui président de la Société générale de Belgique) : la Table ronde des industriels européens (ERT). Elle rassemble aujourd’hui une quarantaine de dirigeants d’entreprise dont plus de la moitié sont des membres de la sainte secte. L’adhésion se fait uniquement par cooptation, à titre individuel, et n’engage pas officiellement leurs entreprises. Pourtant l’ERT est financée par ces entreprises et place à son service certains de leurs cadres. L’ERT adresse régulièrement ses recommandations à la Commission européenne. En préambule, elle ne manque jamais de rappeler qu’elle est le lobby économique le plus puissant en Europe : ses quarante-deux membres emploient trois millions de personnes. Ils réalisent trois mille cinq cent milliards de francs annuels de chiffre d’affaires, soit plus de deux fois le budget de la France. Une entrée en matière qui permet à l’ERT d’imposer ses exigences. Le "social chrétien" Jacques Delors, qui ne lui refusait jamais de rendez-vous, disait de l’ERT : "C’est l’une des forces majeures derrière le marché unique." Elle s’est "résolument prononcée pour un développement de réseaux européens d’infrastructures" et a fait inscrire cet objectif dans le traité de Maastricht.

     

    L’Opus Dei ne se contente pas de placer ses membres et de défendre leur communauté d’intérêts. Elle poursuit toujours son objectif de restauration de la chrétienté. Elle mise pour cela à la fois sur le contrôle de l’évolution institutionnelle et sur le contrôle des médias. Aussi a-t-elle exigé et obtenu qu’un de ses membres soit nommé à la Commission européenne avec un maroquin découpé sur mesure. Marcelino Oreja-Aguirre s’est ainsi vu bizarrement confier à la fois le portefeuille des "Questions audiovisuelles" et celui de la renégociation du traité de Maastricht.

     

    En ce qui concerne les Questions audiovisuelles, les opusiens sont favorables au libre-échange. C’est-à-dire qu’ils souhaitent abolir "l’exception culturelle" sous réserve d’une déontologie européano-américaine de la moralité dans les médias. Ils préconisent qu’un ordre des journalistes et producteurs soit chargé de son respect.

     

    En ce qui concerne l’évolution institutionnelle, ils sont favorables à un développement de la supranationalité à condition que le pouvoir soit confié par les politiques à des techniciens. Sur ce principe, ils ont obtenu le transfert du pouvoir monétaire à un conseil non politique sur le modèle de la Bundesbank. Un système qui enchante le président opusien de la banque centrale allemande, Hans Tiettmeyer, par ailleurs académicien pontifical. Ils se sont prononcés pour un élargissement de l’Europe sur le critère de la culture chrétienne et non pas sur celui de la démocratie. C’est sur ce principe que le démocrate chrétien Helmut Kohl s’est opposé au soutien européen à la république laïque.

     

    Ordre moral

    Opus dei : une secte en politique


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    DOCTEUR FREUD,AU SECOURS !!.

    Sigmund Freud a montré que la libido faisait partie intégrante de la vie humaine.

    En imposant le célibat,le Pontifex maximus est le responsable de nombreuses névroses ou psychoses.

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    Erotomanie en série chez les ursulines

    Etranges épidémies (3/6). Pendant sept ans, le couvent de Loudun a vécu au rythme des crises d'hystérie et des séances d'exorcisme.

     

    Par Sandrine Cabut Publié le 29 juillet 2014 à 17h26 - Mis à jour le 11 août 2014 à 10h27

      

    Christelle Henault

    En ces années 1630, Loudun (Vienne) est devenue un site d'attraction. Des milliers de personnes se pressent dans ses églises pour y assister à des séances d'exorcisme. Au cours de ces « spectacles », les possédées, de jeunes religieuses du couvent des ursulines, sont prises de spectaculaires crises convulsives. Elles balancent leur corps en arrière jusqu'à ce que leur tête touche leurs pieds, puis se mettent à marcher dans cette position impossible. Elles hurlent, leurs propos et leurs gestes sont si indécents que les plus libertins sont scandalisés.

     

    Parmi les « vierges folles » les plus démonstratives, une certaine Sœur Claire dévoile ses parties intimes, puis se masturbe en proférant insanités et blasphèmes. Elle sera même vue glissant un crucifix sous sa jupe pour assouvir ses désirs, racontent l'historien Hilary Evans et le sociologue Robert Bartholomew dans leur captivant Outbreak ! (Anomalist Books, 2009), une « encyclopédie des comportements sociaux extraordinaires » qui consacre un long chapitre aux possédées de Loudun. Cette épidémie de possession, parmi les mieux documentées et les plus étudiées au monde, durera sept ans, devenant une véritable affaire d'Etat.

     

    Tout commence en septembre 1632 quand Jeanne des Anges, la prieure du couvent des ursulines, jeune femme instable voire perverse, se met à souffrir de convulsions, d'hallucinations, de catalepsie… Rapidement, d'autres sœurs se plaignent des mêmes maux, et se disent importunées par des spectres. La nuit, elles errent dans le couvent, grimpant même sur les toits. En quinze jours, plus d'une vingtaine d'ursulines sont contaminées.

     

    UNE FOLIE CONTAGIEUSE

     

    Le 5 octobre, un exorcisme est pratiqué sur la prieure, possédée par sept démons. Ce sera, selon Evans et Bartholomew, la première d'un nombre incalculable de ces cérémonies « quasi quotidiennes pendant sept ans », destinées à chasser le diable. Très vite, un prêtre, Urbain Grandier, se retrouve au cœur de l'affaire. Accusé par les possédées – qui ne l'ont pourtant jamais vu – d'être à l'origine de leurs obsessions érotiques, ce sulfureux personnage, grand séducteur, fait un coupable idéal, d'autant qu'il s'est, pour une tout autre raison, attiré l'hostilité du puissant cardinal de Richelieu.

     

    Le 30 novembre 1633, ce dernier le fait jeter en prison. Grandier sera brûlé en place publique le 18 août 1634… sans aucun effet sur les symptômes des possédées. Les séances d'exorcisme continuent, mais ne font qu'attiser l'excitation des nonnes. Jeanne des Anges développe même une grossesse nerveuse. Ses démons sont expulsés un à un jusqu'à sa guérison vers 1638, qui entraîne celle des autres nonnes. La possédée, devenue miraculée, fait alors une tournée dans le royaume de France… Après des années de cauchemars, Loudun retrouve le calme.

     

    La folie n'a pas seulement saisi ces religieuses. Elle a aussi gagné au moins trois des exorcistes, et deux officiels impliqués dans l'exécution d'Urbain Grandier. Sans compter la population. « Du jour où les exorcismes se firent dans les principales églises, plusieurs filles séculières qui étaient venues assister à cet étrange spectacle prirent le germe de la même maladie. Ce qui montre combien la réaction des effets nerveux se fait sentir sur les êtres faibles et enclins au merveilleux », écrit le docteur Gabriel Legué, un disciple de Charcot, dans Urbain Grandier et les possédées de Loudun, publié en 1880.

     

    DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE

     

    Emblématique des hystéries collectives, la possession dans un couvent a fasciné des générations d'historiens et de psychiatres. L'épisode de Loudun et d'autres affaires de « possession diabolique » survenues au XVIIe siècle à Aix-en-Provence, Louviers ou Auxonne présentent de nombreuses caractéristiques les apparentant à des épisodes d'hystérie collective, confirme Jean-Bruno Renard, professeur de sociologie à la faculté de Montpellier. « Toutes ont lieu dans des couvents de religieuses cloîtrées appartenant à l'ordre des ursulines », remarque-t-il dans son chapitre sur les hystéries collectives, issu de l'ouvrage Les Peurs collectives (éditions Eres, 2013), sous la direction de Sylvain Delouvée, Patrick Rateau et Michel-Louis Rouquette.

     

    « Le scénario est pratiquement identique dans tous les cas », poursuit Jean-Bruno Renard : une religieuse soudain sujette « à des crises de convulsions, à des visions, à des délires érotiques » ; un phénomène de contagion, un prêtre bouc émissaire… Comme dans bien d'autres épisodes d'hystérie collective – dont l'expression a, elle, évolué selon les époques –, on retrouve un contexte de détresse psychologique.

     

    Ainsi, en 1632, Loudun venait d'être décimée par une épidémie de peste, et les tensions religieuses étaient fortes entre catholiques et protestants. Il est aussi probable que la plupart des jeunes ursulines n'étaient pas venues de leur plein gré s'enfermer dans un couvent aux conditions de vie modestes.

     

    LES MYSTÈRES DE L'HYSTÉRIE COLLECTIVE

     

    Ces affaires de possession sont très intéressantes du point de vue de l'histoire des mentalités, relève aussi Jean-Bruno Renard, car elles se situent dans une époque intermédiaire entre la chasse aux sorcières, qui a sévi aux XVe et XVIe siècles, et l'émergence de la médecine et de la psychiatrie, qui ont permis de considérer ces femmes plutôt comme des victimes, des malades.

     

    A quelques décennies près, Urbain Grandier aurait sans doute évité le bûcher, et les infortunées religieuses des années de souffrance. Car, face à une hystérie collective, les médecins ont montré que le meilleur moyen de stopper les symptômes et la contagion est d'isoler les victimes, soit l'opposé de séances publiques d'exorcisme.

     

    Reste, comme souvent, à l'origine de ces phénomènes collectifs spectaculaires, une part de mystère. Comme l'écrit joliment Jean-Bruno Renard, « l'hystérie collective est à la psychosociologie ce que la foudre en boule est à la physique : un phénomène rare, mais attesté, dont les caractéristiques sont bien connues et qui pourtant reste largement inexpliqué ! ».

     

    Lire aussi l'épisode 1 de la série (édition abonnés) : Lorsqu'en 1518, les Strasbourgeois se mirent à danser jour et nuit Et l'épisode 2 (édition abonnés) : Sur cet atoll paradisiaque, on voit le monde en noir et blanc

     

    Sandrine Cabut


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    Je n'ai guère de sympathie pour les intégristes catholiques qui ont sans arrêt uni le sabre et le goupillon et ont trahi l'esprit d'amour et de non-violence du christianisme,comme les catholiques usuels,mais avec plus de virulence.

    Ils voudraient revenir au bon temps de l'Inquisition ou l'on massacrait et torturait à tour de bras.C'est la mafia catholique qui tue les gens comme des mouches.

    Mais à cette mafia catholique,voici que se joint la mafia maçonnique à,la bourgeoisie de robe se joint la bourgeoisie d'argent.

    L'évêque américain Marcinkus,trésorier de la banque du Vatican était membre de la loge maçonnique P2 et traficotait avec la mafia.Il s'en est est suivi de nombreux crimes.

    L'article qui suit est intéressant mais il est à prendre avec des pincettes.

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    Johan Livernette

    10 décembre 2013

    Une loge maçonnique dirige le Vatican

    Par Johan Livernette

    Le souvenir d’un crime peut parfois raviver des vérités détonantes que le grand public abreuvé de mensonges méconnaît. C’est dès lors toute une représentation de la vérité de ce monde qui s’effondre, à l’image des tours jumelles du World Trade Center à Wall Street.

     

    Jean Paul 1er - Albino Luciani

     

    Nous savons, grâce à David Yallop [1], que l’assassinat du Pape Jean-Paul 1er fut l’oeuvre de la loge P2, 33 jours après le début de son règne ; et que ce meurtre intervint juste après qu’il ait évincé deux francs-maçons de l’Eglise romaine (Marcinkus et Villot).

     

    Nous apprîmes aussi, par la plume du journaliste maçon Pier Carpi, que Jean XXIII avait été initié dans l’Ordre des Rose-Croix. Divers éléments à charge démontrent que ce dernier et Paul VI étaient vraisemblablement des francs-maçons.

     

    Pier Carpi révéla notamment qu’Evêques et Cardinaux appartenaient à la loge P2 : « On l’appelle la loge ecclésiastique et elle est en contact direct avec le grand maître de la loge unie d’Angleterre, le duc Michael de Kent. Cette loge agit au Vatican depuis 1971. Plus de cent frères cardinaux, évêques et monseigneurs de la curie y appartiennent. Ils parviennent à maintenir le secret le plus absolu, mais pas au point d’échapper aux enquêtes des hommes de la puissante organisation de l’Opus Dei. » [2]

     

    Carpi nous dit que « cette loge agit au Vatican » après avoir affirmé que Jean XXIII était maçon. Il dit aussi que ce ne sont pas des clercs isolés qui lui appartiennent mais plus d’une centaine de Cardinaux et d’Evêques ! Il ne proclame pas textuellement qu’elle dirige Rome, mais on peut toutefois en déduire qu’au minimum elle influe sur le Vatican -et nous pouvons alors parler de lobby-, et au pire qu’elle en a le contrôle.

     

    Dans tous les cas, cette Eglise n’est plus l’Eglise catholique. Mais pour d’autres raisons. Sur le sujet, Monseigneur Lefebvre fut catégorique : « Le droit à la liberté religieuse est blasphématoire car c’est prêter à Dieu des intentions qui détruisent sa Majesté, sa Gloire, sa Royauté. Ce droit implique la liberté de conscience, la liberté de pensée et toutes les libertés maçonniques. L’Eglise qui affirme de pareilles erreurs est à la fois schismatique et hérétique. Cette Eglise conciliaire n’est donc pas catholique. » [3] Relevons au passage que, juste avant le Concile Vatican II, cette liberté religieuse fut demandée par le B’naï B’rith auprès du Cardinal Béa. Elle fut alors établie au sein de l’Eglise romaine et doit être considérée comme une victoire maçonnique.

     

    Revenons à présent sur l’appartenance maçonnique des précédents chefs de l’Eglise conciliaire. Lors d’un entretien réalisé par Louis-Hubert Rémy, le Père Malachi Martin affirma : « Sur l’appartenance de Jean XXIII à la franc-maçonnerie, toutes les preuves sont dans les archives du Vatican, jalousement gardées par le Cardinal Sodano. Lui-même aurait vu des photos prises par son chauffeur dévoilant Jean XXIII fréquentant les loges parisiennes. […] Jean XXIII fut initié par Vincent Auriol. »

     

    Malachi Martin parla d’une « loge spéciale ». Il ajouta : « Cette Loge est réservée à Rome aux Cardinaux en liaison étroite avec le Grand-Orient. Jean XXIII et Paul VI ont fait partie de la Loge spéciale », disait-il. Cette révélation fut confirmée par le franc-maçon mexicain Jaime Ayala Ponce pour qui « Roncalli et Montini ont été initiés aux augustes mystères de la confrérie. »

     

    Concernant les autres chefs de Rome depuis Vatican II, le bilan n’est pas plus reluisant. D’origine juive, Benoît XVI fut officiellement soutenu par le B’naï B’rith. Il reçut d’ailleurs cette secte juive au Vatican tout en faisant l’éloge de la fraternité inter-religieuse, dans la droite ligne oecuménique. De plus, Ratzinger écrivit pour un journal maçonnique en 1979. [4] Ses relations étroites avec les hautes sphères mondialistes furent plus que douteuses. [5] Tout autant que ses poignées de mains à des francs-maçons notoires. [6]

     

    Quant à cet autre marrane que fut Jean-Paul II, rien ne prouve qu’il fut franc-maçon sauf qu’à trois reprises, il reçut chaleureusement au Vatican les représentants du B’naï B’rith. En mars 1984, avril 1985 et décembre 1990. Dans la revue « Fideliter » en 1986, Monseigneur Lefebvre écrivit qu’il est « au service de la franc-maçonnerie ». Selon le Grand Maître de la franc-maçonnerie italienne Armando Corona, Jean-Paul II appartenait au Rotary Club à l’instar de l’Argentin Bergoglio qui est actuellement en place. [7] Remarquons aussi que la secte satanique des Skull and Bones lui rendit hommage à sa mort.

     

    Mgr Lefebvre

     

    Concentrons nous à présent sur l’argumentation de Monseigneur Marcel Lefebvre concernant la collégialité à la tête de l’Eglise romaine et l’infiltration maçonnique dans ses murs : « Je crois sincèrement que nous avons affaire à une contrefaçon de l’Eglise et non pas à l’Eglise catholique. Parce qu’ils n’enseignent plus la foi catholique. Ils ne défendent plus la foi catholique. Ils enseignent autre chose. Ce n’est plus l’Eglise catholique. Tous ces Cardinaux dans les congrégations et toutes ces secrétaires dans les congrégations, ils sont bien assis là où étaient leurs prédécesseurs mais ils ne continuent pas leurs prédécesseurs. Ils n’ont plus la même foi, ni la même doctrine ni la même morale que leurs prédécesseurs. Et principalement, leur grande erreur c’est l’oecuménisme. Ils enseignent un œcuménisme qui est contraire à la foi catholique. Je dirai : que pensez-vous des anathèmes du Concile de Trente ? Que pensez-vous des anathèmes de l’encyclique Auctorem Fidei ? Que pensez-vous du Syllabus ? De l’encyclique Immortale Dei du Pape Léon XIII ? Que pensez-vous de la lettre sur le Sillon par le Pape Pie X ? De l’encyclique Quas primas du Pape Pie XI ? Mortalium animos du Pape Pie XI contre le faux œcuménisme ? Que pensez-vous de tout ça ? Qu’ils me répondent sur ces documents qui définissent notre foi. Ce ne sont pas des documents quelconques. Ce sont des documents officiels qui engagent l’autorité du Pape. On peut et on doit même croire que l’Eglise est occupée par cette contre-Eglise que nous connaissons bien et que les Papes ont condamné. Depuis bientôt quatre siècles, l’Eglise ne cesse de condamner cette contre-Eglise qui est née avec le protestantisme et qui est à l’origine de toutes les erreurs modernes, qui a détruit toute la philosophie, qui nous a entraîné dans toutes ces erreurs que nous connaissons : libéralisme, socialisme, communisme, modernisme, sionisme. Nous en mourrons. Les Papes ont tout fait pour condamner cela. Et voilà que maintenant, ceux qui sont sur les sièges de ceux qui ont condamné ces choses-là sont maintenant d’accord pratiquement avec ce libéralisme et cet oecuménisme. Plus les choses s’éclairent et plus nous nous apercevons que ce programme qui a été élaboré dans les loges maçonniques, on s’aperçoit tout doucement et avec des précisions de plus en plus grandes, qu’il y a tout simplement une loge maçonnique au Vatican. Maintenant quand on se trouve devant un secrétaire de congrégation ou un cardinal qui se trouve assis dans le siège où se trouvaient de saints cardinaux qui avaient la foi et défendaient la foi de l’Eglise, on se trouve devant un franc-maçon. » [8]

     

    Le propos fut sincère. L’aveu éloquent. Mémorable même. Car il ne vint pas de n’importe qui. Ce ne furent pas des paroles en l’air mais celles d’un homme d’Eglise connaissant très bien l’institution romaine. Après avoir été minutieusement préétabli dans les arrière-loges, notamment celles de la Haute-Vente, le projet de destruction de l’Eglise officielle par la contre-Eglise est arrivé à son aboutissement. Les choses ne s’étant point arrangées mais empirées, nous pouvons tirer la même conclusion que cet illustre clerc.

     

    Ainsi, parce qu’il est indéniable que la (fausse) religion enseignée au Vatican est un protestantisme ayant juste l’apparence du catholicisme, et parce qu’il est très vraisemblable que, depuis Jean XXIII, les derniers chefs de Rome furent tous maçons ou étroitement liés à la franc-maçonnerie (hormis Jean Paul 1er, d’où son assassinat), nous sommes en droit d’approuver cette évidence affirmée par monseigneur Lefebvre dans les années 1970 : Oui, une loge maçonnique dirige bel et bien l’Eglise officielle romaine. Telle une chape de plomb au-dessus des fidèles. Et ce pour le grand égarement des âmes depuis 50 ans. Puisse les Catholiques de cette Eglise humaine et non divine regarder honnêtement cette réalité en face. D’autant que l’Eglise conciliaire n’est assurément plus l’Eglise catholique puisqu’elle enseigne une autre religion et qu’elle ne contient ni une même foi, ni une même hiérarchie, ni les mêmes sacrements d’origine. Les francs-maçons et modernistes à la tête de cette institution étant les premiers responsables de cette situation désastreuse, car ce sont eux qui, depuis 50 ans, sont à l’origine du scandale.

     

    Johan Livernette le 10 décembre 2013

     

    [1] Dans « Au nom de Dieu » de l’anglais David Yallop.

     

    [2] Dans « L’espresso » en décembre 1987.

     

    [3] Le 29 juillet 1976 dans « Quelques réflexions à propos de la suspens a dinivis ».

     

    [4] http://www.catholique-sedevacantiste.com/article-23851474.html

     

    [5] http://www.resistance-catholique.org/documents/2008/RC_2008-02-29_Les-liens-occultes-entre-Ratzinger-et-les-pires-ennemis-de-lEglise.pdf

     

    [6] http://www.blogcatholique.fr/2010/10/preuves-que-benoit-xvi-ratzinger-est.html

     

    [7] https://johanlivernette.files.wordpress.com/2013/04/bergoglio-rotary.jpg

     

     

    [8] L’intégralité de l’entretien audio de Monseigneur Lefebvre : http://www.youtube.com/watch?v=XSuBwJ4xuns


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    ActualitésSociétéReligionPédophilie dans l'Eglise

    Ces autres affaires de prêtres accusés d'abus sexuels qui embarrassent le cardinal Philippe Barbarin

    Dans son diocèse de Lyon, l'archevêque a géré avec discrétion plusieurs cas de religieux accusés d'agressions sexuelles, voire condamnés. Sans jamais avoir dénoncé à la justice les hommes mis en cause.

     

    Le cardinal Philippe Barbarin, le 29 novembre 2017, à Lyon.

    Benoît Zagdoun

    France Télévisions

    Mis à jour le 08/01/2019 | 07:00

    publié le 08/01/2019 | 07:00

     

     

     

    Un cardinal au tribunal. Philippe Barbarin va être jugé du lundi 7 au mercredi 9 janvier. L'archevêque de Lyon est accusé de ne pas avoir dénoncé à la justice le prêtre Robert Preynat, alors qu'il était au courant depuis plusieurs années des accusations d'agressions sexuelles portées contre cet homme d'Eglise qui encadrait des jeunes scouts de la banlieue lyonnaise dans les années 1980 et 1990.

     

    Mais cette affaire, devenue emblématique du scandale de pédophilie dans l'Eglise catholique, n'est pas la seule dans laquelle l'attitude du prélat est critiquée. Alors que s'ouvre le procès du primat des Gaules, franceinfo revient sur ces autres dossiers encombrants.

     

    Guy Gérentet, écarté et mis au vert

    Son cas a été jugé juste avant que n'éclate l'affaire Preynat. En février 2016, le tribunal correctionnel de Lyon condamne à deux ans de prison avec sursis le prêtre Guy Gérentet de Saluneaux, 81 ans, pour les agressions sexuelles de huit mineures entre 1989 et 2000, rapporte Le Monde.

     

    Le "père Guy" a été, pendant une trentaine d'années, chargé du catéchisme au sein de la paroisse de la Sainte Trinité, dans le populaire 8e arrondissement de Lyon. Le prêtre, réputé proche des milieux catholiques traditionalistes, est décrit comme un homme autoritaire, jouissant d'une grande autorité morale sur ses paroissiens. Après qu'une jeune fille a dénoncé des faits de "maltraitance", il est écarté de sa paroisse en 2001 et interdit de tout ministère par le cardinal Billé. Mais l'archevêque de Lyon de l'époque ne dénonce pas son prêtre à la justice.

     

    En 2003 puis 2004, une autre victime du "père Guy" se manifeste, cette fois, auprès du cardinal Philippe Barbarin, qui a succédé en 2002 à Louis-Marie Billé, mort prématurément. L'archevêque la reçoit à plusieurs reprises. Il rencontre aussi le prêtre, qui reconnaît l'agression sexuelle, mais assure qu'il s'agissait d'un "cas unique". Le cardinal renouvelle l'interdiction d'exercer décrétée par son prédécesseur.

     

    Il faut attendre 2010 pour que Guy Gérentet soit mis en examen. Le parquet a été mis sur sa piste par le prieur d'une abbaye du sud de la France, qui a recueilli les confidences d'une amie de la victime. Placé en garde à vue, le prêtre reconnaît son "attirance sexuelle pour les enfants". 

     

    Entendu comme témoin par la police, Philippe Barbarin explique avoir confié Guy Gérentet aux soins d'un psychologue – comme le fait souvent l'Eglise en pareil cas. Selon le procès-verbal d'audition consulté par l'AFP, le prélat ne mâche pas ses mots pour condamner les agissements de son prêtre, n'hésitant pas à le qualifier de "type tordu" et de "véritable pervers". Le prélat assure à la policière qui l'interroge avoir conseillé à la victime de porter plainte, "si elle le voulait". Il dit enfin n'avoir pas "su" si Guy Gérentet avait fait d'autres victimes, mais il reconnaît s'en être "douté". Pour autant, il n'avait pas saisi la justice.

     

    En 2012, le prêtre a finalement été renvoyé de l'état clérical et réduit à l'état de laïc, la sanction la plus grave que puisse infliger l'Eglise. Mediapart l'avait rencontré en 2016 dans son village de Montrottier (Rhône), dans les monts du Lyonnais. L'octogénaire portait toujours sa soutane et minimisait ses actes, se souvenant d'avoir eu les "gestes affectueux" d'un "vieux grand-père", tout en se défendant d'avoir "jamais voulu faire du mal à des jeunes".

     

     Philippe de Morand, éloigné en banlieue parisienne

    En janvier 2008, un jeune homme, tout juste majeur, se réfugie chez Philippe de Morand, à une quarantaine de kilomètres de Lyon. L'aumônier des scouts Saint-Louis de Lyon, une branche traditionaliste qui s'est séparée des scouts d'Europe, est à ses yeux son "directeur spirituel", presque son "grand frère", comme il le confie aux auteurs du livre-enquête Eglise, la mécanique du silence (éd. JC Lattès, 2017). Le jeune homme reste dormir et partage la même chambre que le prêtre, dont il est si proche. Pendant la nuit, le religieux l'agresse sexuellement. Le jeune parvient à s'enfuir, profitant du sommeil de son agresseur.

     

    Dès le lendemain, le père de la victime se rend à l'archevêché et prévient le cardinal Barbarin, qui reçoit également le jeune homme et lui conseille de faire une déposition à l'Officialité (le tribunal interne à l'Eglise catholique). Le prêtre lui-même se dénonce à ce tribunal. Mais rien ne se passe. Apprenant que Philippe de Morand continue d'officier plusieurs mois après l'agression, la victime menace l'archevêque de porter plainte contre lui.

     

    L'ultimatum porte ses fruits : en juin, le prélat agit enfin et exfiltre le prêtre, d'abord en pénitence à l'abbaye de Sept-Fons, dans l'Allier, puis dans une paroisse de banlieue parisienne, où le diocèse de Nanterre (Hauts-de-Seine) accepte d'accueillir le religieux. Le prêtre intègre la paroisse Sainte-Geneviève de Nanterre, mais sans y exercer de ministère, et reprend ses études au prestigieux collège des Bernardins, à Paris.

     

    Philippe de Morand est éloigné – comme le fait souvent l'Eglise avec ses prêtres à problèmes – mais la justice reste tenue à l'écart. En juillet, face à l'inaction du diocèse de Lyon, la victime saisit elle-même le procureur. Le prêtre est mis en examen pour viol. Il est jugé et condamné deux ans plus tard, en décembre 2010, à six mois de prison avec sursis pour agression sexuelle. Le religieux reprend toutefois ses activités dans diverses paroisses des Hauts-de-Seine.

     

    En 2016, après que son passé a été mis au jour par Mediapart dans la foulée de l'affaire Preynat, une enquête canonique (interne à l'Eglise catholique) est ordonnée à Lyon. Elle conclut que Philippe de Morand peut rester prêtre, mais "de manière encadrée", précise à franceinfo le diocèse de Nanterre. Le religieux est aujourd'hui vicaire – c’est-à-dire adjoint d’un curé – des paroisses de Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus et de l'Immaculée Conception, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). "Il n’est pas tout seul, insiste le diocèse de Nanterre. Il est sans responsabilité auprès des jeunes" et "les laïcs impliqués dans la vie paroissiale sont au courant de sa situation".

     

    Jean-Marc Desperon, muté à Montauban

    Dans les années 1980, Jean-Marc Desperon est aumônier du collège-lycée Saint-Exupéry, sur la colline lyonnaise de La Croix-Rousse. Les jeunes qui fréquentent avec assiduité son aumônerie l'appellent affectueusement "Jean-Marc". Le prêtre trentenaire, brillant et charismatique, fédère un petit groupe autour de lui, comme le raconte avec force témoignages le livre-enquête Eglise, la mécanique du silence. Mais au début des années 1990, "l'emprise" de ce "gourou" sur les adolescents inquiète des paroissiens, qui le signalent au diocèse. Et en 1994, le diocèse de Lyon l'éloigne de ses ouailles. Le curé est confié au diocèse de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne.

     

    L'évêque montalbanais à l'époque des faits, Bernard Housset, assure ne pas avoir été informé du motif réel de la mutation du prêtre. A son arrivée en 1996, on lui avait indiqué que le prêtre avait quitté Lyon, parce qu'il souhaitait "se rapprocher de son père vieillissant pour le soigner", assure-t-il dans un communiqué en 2016.

     

    Ce sont des témoignages d'anciennes victimes présumées qui vont alerter l'évêque. En 2002, selon les informations des auteurs de l'ouvrage Eglise, la mécanique du silence, trois victimes lui écrivent. Leurs trois lettres sont transmises au diocèse de Lyon, dont dépend toujours le prêtre. Bernard Housset se souvient de la première de ces missives : "une lettre d'un adulte". "Il me disait que, durant son séjour à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), il était sous l'emprise captative de Jean-Marc Desperon, sous prétexte d'un accompagnement humain et spirituel", déclare l'évêque dans son communiqué.

     

    Le courrier évoque des "comportements déplacés de Jean-Marc Desperon à son égard depuis sa majorité". L'évêque conclut à un "abus de personnalités" et juge que ce "comportement n'était pas digne d'un prêtre". "Dans les mois qui ont suivi" la réception de cette lettre, "je me suis rendu compte que plusieurs adultes étaient dans la même situation", poursuit Bernard Housset.

     

    En 2004, l'évêque de Montauban sanctionne son prêtre et l'interdit de tout ministère, imité en 2005 par l'archevêque de Lyon. Le prêtre n'est pas pour autant conduit devant un juge par sa hiérarchie. Seul face à ses vieux démons, Jean-Marc Desperon fait cette année-là une nouvelle victime présumée, un adolescent de 15 ans.

     

    Le père de ce jeune homme a porté plainte. Et en 2016, Jean-Marc Desperon est mis en examen à Montauban pour "agression sexuelle aggravée sur mineur". Au même moment, le diocèse de Lyon finit par sévir, reconduisant Jean-Marc Desperon à l'état laïque. Lorsque Mediapart révèle son histoire, l'ancien aumônier disparaît de son domicile dans la petite commune de Finhan, près de Montauban. On redoute son suicide. Les gendarmes fouillent les environs, sondent le lac du village. Il est retrouvé trois jours plus tard, épuisé et endormi... chez lui. Arrêté, il est toutefois remis en liberté. Son avocat indique à franceinfo que son client doit être jugé en janvier.

     

    Un gendarme enquête sur la disparition d\'un ancien prêtre, Jean-Marc Desperon, accusé d\'agression sexuelle, le 21 avril 2016, à Finhan (Tarn-et-Garonne).Un gendarme enquête sur la disparition d'un ancien prêtre, Jean-Marc Desperon, accusé d'agression sexuelle, le 21 avril 2016, à Finhan (Tarn-et-Garonne). (MAXPPP)

    Jérôme Billioud, mis sur la touche sur le tard

    Alors que l'affaire Preynat vient d'éclater, un nouveau dossier fait à son tour surface, en mars 2016. Pierre, un haut fonctionnaire de 42 ans, affirme dans Le Figaro avoir été agressé sexuellement par l'abbé Jérôme Billioud dans sa jeunesse. La première fois, en 1990, à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), alors qu'il avait 16 ans, la seconde à Lourdes (Hautes-Pyrénées) en 1993. En 2009, Pierre rencontre le cardinal Barbarin et lui confie son secret, relate-t-il. Le prélat, dit-il, lui apprend que Jérôme Billioud est déjà sorti du droit chemin. Pierre porte plainte, mais celle-ci est classée sans suite, car les faits sont prescrits. 

     

    Le prêtre pose effectivement problème depuis de nombreuses années. En 1998, Jérôme Billioud est condamné à un mois de prison avec sursis pour atteinte sexuelle à Roanne (Loire). Une peine assortie d'une injonction de soins. Apprenant cette condamnation, le maire d'Amplepuis (Rhône), où officie le curé, demande le remplacement immédiat du prêtre à l'archidiacre qui administre le Roannais. Il obtient satisfaction. Et c'est le curé d'une paroisse voisine qui le remplace. Son nom : Bernard Preynat, comme le rapporte le livre Grâce à Dieu, c'est prescrit : l'affaire Barbarin (éd. Robert Laffont, 2017). En 2003, Jérôme Bilioud est interpellé à deux reprises à Lyon, à quelques mois d'intervalle, pour exhibitionnisme d'abord, puis pour usage de stupéfiants : du poppers, selon l'ouvrage et Le Figaro.

     

    Pendant toutes ces années, le prêtre continue d'officier dans diverses paroisses de Lyon. En 2015, il succède même à la tête de la prestigieuse paroisse lyonnaise de l'Immaculée Conception à un autre prêtre mis en cause dans une affaire de délit sexuel en 2014 et suspendu de ses fonctions. Eric Pépino a été mis en examen pour atteinte sexuelles, mais il a bénéficié d'un non-lieu, l'adolescent mineur et en fugue contacté sur un site de rencontres pour adultes ayant menti sur son âge.

     

    Depuis 2016, l'abbé Jérôme Billioud a cependant été mis sur la touche. Il est désormais rattaché à la  paroisse de la Rédemption-Saint-Joseph, dans le 6e arrondissement de Lyon. "Officiellement, il n’a aucune mission. Il habite ici. Il est sous ma vigilance, il va visiter des maisons de retraite, il m’aide auprès des personnes âgées", explique à franceinfo François Duthel, curé de la paroisse. Et l’enquête canonique diligentée par le diocèse de Lyon a dédouané le religieux, selon une source de franceinfo au sein du diocèse.

     

    Un message placé sur la porte de l\'église de l\'Immaculée Conception, le 15 mars 2016, à Lyon, indiquant que les messes sont annulées, alors que le curé de la paroisse, Jérôme Billioud, est accusé dans une vieille affaire d\'abus sexuel.Un message placé sur la porte de l'église de l'Immaculée Conception, le 15 mars 2016, à Lyon, indiquant que les messes sont annulées, alors que le curé de la paroisse, Jérôme Billioud, est accusé dans une vieille affaire d'abus sexuel. (JEFF PACHOUD / AFP)

    Bruno Houpert, condamné mais promu

    En mars 2016, alors que le cardinal Barbarin se débat en plein scandale Preynat, Le Parisien dévoile une autre affaire. Bruno Houpert, curé de la paroisse de Sainte-Blandine-du-Fleuve, à Millery, au sud de Lyon, a été condamné pour agressions sexuelles neuf ans plus tôt. En avril 2007, il a écopé de dix-huit mois de prison avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve de trois ans. Les faits se sont produits au foyer Saint-Pierre du séminaire de Rodez, dans l'Aveyron. Les victimes étaient quatre séminaristes âgés de 20 à 30 ans.

     

    Après sa condamnation, Bruno Houpert est resté un temps en paroisse à Rodez, "sous la vigilance des prêtres", explique au Parisien Bernard Quintard, vicaire général du diocèse de Rodez. "Son ministère était réduit", il "n'était pas en contact avec des jeunes" et il "a été suivi par un psychologue".

     

    Un an plus tard, en 2008, le prêtre est transféré à Lyon. Il rejoint d'abord une communauté religieuse, il est ensuite nommé vicaire, puis curé, et enfin doyen, en charge de six paroisses... la même année que Bernard Preynat. "Ce prêtre a toujours suivi les recommandations du juge d’application des peines", plaide également dans La Croix Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général de la Conférence des évêques de France. "Le diocèse regrette que les efforts de réhabilitation et le chemin parcouru par ce prêtre soient remis en cause par une exposition médiatique injustifiée (...) dans la mesure où son ministère est exercé avec prudence", proteste dans Le Figaro l'entourage du cardinal Barbarin. 

     

    Mais face à la polémique, le diocèse de Lyon a repris l'ensemble du dossier et estimé qu'il n’était plus possible de confier un ministère à ce prêtre. Bruno Houpert a quitté le diocèse et a été de nouveau placé sous la responsabilité de son évêque. Selon les informations de franceinfo, il est aujourd'hui aumônier dans une abbaye de religieuses.

     

    Didier B., condamné mais revenu en paroisse

    En 1992, le prêtre Didier B. a été condamné à six ans de prison, dont deux avec sursis, par le tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône (Rhône) pour des "agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité". Les faits ont été commis entre 1988 et 1991. Mais au cours de l'enquête, le curé a avoué avoir fait au total une vingtaine de victimes depuis 1985, selon les révélations de Mediapart, en partenariat avec le magazine "Cash Investigation" de France 2.

     

    Une fois sa peine purgée et après un long séjour chez les Petites sœurs des pauvres à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), il est autorisé à exercer à nouveau en paroisse en 2009. Il retrouve ainsi le Roannais, puis il est nommé prêtre auxiliaire à Vaise, dans le 9e arrondissement de Lyon. 

     

    Il faut attendre les révélations en cascade de l'année 2016, pour que le cardinal Barbarin lui retire tout ministère et signale son cas au Vatican. Selon nos informations, Didier B. est mort en juillet 2017, après avoir fini ses jours dans une maison de retraite avec d'autres religieux, où "Cash Investigation" l'avait rencontré.

     

     

     

    Patrick L., condamné mais réintégré en paroisse

    Le prêtre Patrick L. a été reconnu coupable de détention d'images pédopornographiques et condamné à un an de prison avec sursis en 2003, selon les informations de Mediapart. En 2015, il s'est vu à nouveau confier un poste de prêtre en paroisse à Décines, en banlieue lyonnaise. "Il a participé à des célébrations, il y avait des enfants, mais au vu de tout le monde. Il n’était pas en lien direct avec les enfants", assure l'évêché à Mediapart. Sa condamnation, dit-il à Mediapart, a été "le déclic pour guérir".

     

     

    En 2016, après la médiatisation de son cas, Patrick L. a cependant été écarté. Selon nos informations, il a été prié de retourner dans sa congrégation du Saint-Sacrement et n'a donc plus de ministère.





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